Le Fonds monétaire international (FMI) a exprimé son satisfecit concernant la situation des banques algériennes dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques de la région Moyen-Orient, Afghanistan et Pakistan (Moanap). "Les banques dans la région du Conseil de coopération du Golfe et en Algérie restent bien capitalisées, avec des ratios de fonds propres généralement bien supérieurs au minimum réglementaire et rentable. Le FMI a averti les pays de la région contre la hausse des prêts improductifs et le risque de détérioration des actifs", lit-on dans le document cité par l'APS. Il faut reconnaître ici les efforts de la Banque d'Algérie pour mettre en conformité les banques commerciales locales aux règles Bales III, soit le respect des règles internationales en matière de risque et la capacité renforcée de la place bancaire nationale à résister à un choc financier extérieur. En un mot, la solvabilité de ces banques a été renforcée. Elles restent très rentables, de surcroît de l'aveu d'un banquier français. Bémol, le FMI pointe du doigt une fragilité du secteur bancaire algérien : les créances non performantes des banques, c'est-à-dire une allusion claire aux prêts que les banques ont des difficultés à recouvrer. Elles représentent des montants importants. Ces banques, devant provisionner face à des défauts de remboursement, risquent de porter un coup à leur santé financière. Tout cela est connu. Mais ce que ne dit pas le FMI, c'est que cette appréciation des banques bien capitalisées est relative. Aucune banque de la place ne peut, à elle seule, octroyer un crédit d'un milliard de dollars en raison des rations cooks, observe un expert financier. Ce qui veut dire que leurs fonds propres restent insuffisants. En effet, quand une banque fait face à un besoin de crédit qui se chiffre à 1 ou 2 milliards de dollars, elle est obligée de passer par un montage financier incluant un consortium composé de plusieurs banques publiques et privées locales. Le FMI semble, en revanche, ne pas pointer du doigt, du moins pas avec des détails, la forte exposition des banques publiques dans leur financement du secteur public. Sur injonction de l'Etat, les banques ont été obligées de consentir des crédits importants à de grandes entreprises publiques : notamment Sonatrach - Sonelgaz - Cosider - SNVI - Enie pour financer leur plan d'investissement. Du coup, les liquidités bancaires se sont amenuisées au point d'affecter la capacité de ces banques à octroyer des crédits à d'autres entreprises ou secteurs. La conjoncture morose n'est pas en reste. Le contexte politique et le manque d'autonomie de ces banques par rapport à leur politique de crédit pénalisent l'investissement national. Cette situation se trouve aggravée par l'insuffisante intermédiation bancaire qui renvoie à l'inefficacité actuelle dans le financement de l'économie nationale : autant de crédits octroyés annuellement pendant cette dernière décennie pour un taux de croissance qui peine à atteindre les 3 à 4%. K. Remouche