La journaliste et écrivaine italienne Ilaria Guidantoni, qui s'intéresse à la littérature maghrébine, vient de procéder à la traduction en italien du roman Ebauche du père - Pour en finir avec l'enfance, du poète algérien Jean Sénac (1926-1973) sous le titre Rittrato incompiuto del padre - Per finire con l'infanza chez Oltre Edizioni. Il faut savoir que ce livre inachevé publié en 1989 aux éditions Gallimard constitue, assurément, une étape importante dans l'œuvre littéraire de ce natif de Beni Saf qui, pour rappel, n'avait pas connu son père et qui avait dû porter le nom de sa mère jusqu'à l'âge de cinq ans avant de se faire adopter et reconnaître par Edmond Sénac. Marqué par ce "père absent", sa grande hantise fut celle du nom et de "l'énigme du père", notait déjà Jean Déjeux, le spécialiste de littérature française au Maghreb. Jean Sénac raconte dans ce livre son enfance, notamment pendant l'été 1940 passé à Hennaya : "Des après-midis entiers à peindre à l'aquarelle des fleurs et des marines - des espèces de Cueva del Agua avec de grands voiliers" ; "trois mois, pendant lesquels je fis des dictées ennuyeuses, des aquarelles léchées". Pour sa part, l'écrivain algérien Rabah Belamri, qui présente en quatrième de couverture la traduction d'Ilaria Guidantoni, souligne que "l'écriture de ce roman-aventure pleine d'incertitudes, d'inquiétudes et de douleurs comporte une richesse de l'imagination et la vivacité de la plume de Jean Sénac, divisée entre la poésie, les préoccupations de l'ordre matériel, son engagement politique et son désir turbulent". Pour l'auteure, il s'agissait à travers la traduction de ce livre de rendre hommage à celui qui est souvent présenté comme le "Pasolini algérien". Mohamed-Chérif Lachichi