La reconnaissance implicite de la mort des onze militaires maliens capturés par un groupe terroriste, dans un raid antiterroriste de l'armée française, au mois d'octobre, dans la région de Kidal (nord du Mali), pourrait accélérer le retrait, du moins partiel ou graduel, des forces françaises de l'opération Barkhane. Cela d'autant que cet aveu conforte la position des citoyens maliens qui réclament et manifestent pour le départ des soldats français accusés de plusieurs bavures. Ce qui ouvre la voie aux forces françaises pour se retirer ; ce que la France a d'ailleurs souhaité suite aux critiques sur l'efficacité non prouvée de ces troupes et surtout leur coût. Mais pas totalement, puisque le contingent français est appelé à venir en appoint aux forces du G5 Sahel qui se met en place. Un mécanisme militaire regroupant le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad largement inspiré et parrainé par la France. D'ailleurs, cette initiative lancée fin 2014 a été lancée en juillet dernier dans la capitale malienne Bamako, en présence du président français Emmanuel Macron. L'objectif est de constituer une force militaire de 5000 hommes apte à lutter contre les groupes terroristes activant dans la sous-région et à se substituer aux soldats de la Minusma et de Barkhane. Même les Etats unis, pas chauds au début du lancement de l'initiative, viennent d'annoncer qu'ils apportent un soutien financier de 51 millions d'euros à cette force, mus certainement par la mort de trois de leurs soldats au Niger dans une attaque terroriste. Un soutien qui va renforcer la présence américaine sur le continent alors qu'ils peinent à trouver un pays d'accueil pour l'Africom, la force américaine pour l'Afrique, dont le siège est encore installé à Stuttgart, en Allemagne. Les Etats-Unis disposent déjà de pistes et de plateformes pour drones dans certains pays de la région. Même le Maroc qui n'a rejoint aucun mécanisme jusque-là a affiché sa disposition à aider les pays du Sahel, notamment en matière de formation pour les troupes et la sécurisation des frontières. Une situation qui a fait que l'Algérie, qui a pris l'initiative de lancer le Comité des états-majors opérationnel conjoint (Cemoc) en 2010, se voit exclue de la nouvelle entité régionale, voire même pas consultée. Implicitement, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso ont quitté le Cemoc, même s'ils participent encore à ses régulières rencontres. Cette attitude a irrité Alger qui a réagi en essayant de redynamiser le Cemoc et d'élargir son influence à travers d'autres initiatives d'envergure internationale à l'image des groupes du Forum global antiterroriste. Mais cela reste insuffisant compte tenu de l'offensive française qui a réussi à dégarnir les mécanismes mis en place en 2010. Lui faudra-t-il probablement faire basculer sa doctrine militaire de défensive à l'offensive, ce qui ne serait pas évident dans le contexte actuel, et rendre plus agressive sa diplomatie pour reconquérir son influence et son leadership dans la région sahélo-saharienne. Est-ce peut-être cela la nouvelle stratégie évoquée par M. Messahel à Bamako ? Djilali B.