Le G5 s'est réuni, hier, à Bamako, sous la tutelle du président français, Emmanuel Macron, pour déployer une force multinationale de lutte contre le terrorisme. Et l'Algérie? Aux frontières sud de l'Algérie s'est tenue, hier, à Bamako (Mali), sous les auspices de la France, une rencontre des cinq pays du Sahel, regroupés sous l'acronyme «G5», engagés dans une stratégie de lutte commune contre la subversion terroriste dans la région. L'Algérie qui partage plus de 3.000 km de frontières communes, avec la région du Sahel et qui fait face au risque terroriste permanent ne s'est pas jointe à cette organisation, alors qu'elle a été dès le début consultée et souhaitée, notamment, au vu de son expérience dans la lutte anti-terroriste et son exposition au risque terroriste, notamment, sur ses flancs sud, sud-est et sud-ouest. La question est inévitable: pourquoi l'Algérie rechigne-t-elle à rejoindre le « G5 »? Deux réponses principales : d'abord l'Algérie donne la priorité à l'action diplomatique pour une solution politique de la crise globale du Sahel, sans pour autant négliger la lutte contre les groupes terroristes quels qu'ils soient. Ensuite, sa doctrine de politique internationale lui interdit l'ingérence directe (présence militaire), en dehors de ses propres frontières. Cette stratégie a donné quelques résultats significatifs, au plan politique, après la crise malienne de 2012 et « l'Accord d'Alger » réunissant toutes les parties en conflits, exceptés les terroristes. Au plan militaire, la mise en place, bien avant, la crise malienne, en 2010, du Comité des états-majors opérationnels conjoints (CEMOC), ne donne pas encore les résultats attendus. Si le CEMOC a permis la prévention et la limitation du risque terroriste, dans la Sahara algérien, hormis l'attentat de Tigentourine ( In Aménas) de janvier 2013, il ne semble pas avoir affaibli la capacité subversive et criminelle des différents groupes terroristes, dans les pays du Sahel. Les attentats se sont multipliés au Mali, Burkina-Fasso, Niger et jusqu'en côte d'Ivoire entre 2012 et 2017. Du coup, la France dont de gros intérêts économiques et géostratégiques sont, directement, menacés a lancé son opération Barkane', en août 2014, opération renforçant les 2 précédentes opérations Serval' et Epervier'. Voilà donc les voisins de l'Algérie engagés dans deux voies de lutte antiterroriste, au travers de deux stratégies opérationnelles: Le CEMOC piloté par l'Algérie (son QG est basé à Tamanrasset) et Barkane' piloté à partir de Bamako sous tutelle de la France, puisque elle a engagé, sur place, près de 4.000 de ses hommes de troupes, avec armes et bagages. La différence est là: la France est présente militairement sur le terrain dans le Sahel, alors que l'Algérie soutient stratégiquement, renseignement, blocage et paralysie des terroristes à ses frontières et leur anéantissement dès qu'ils les franchissent. Parallèlement à cette stratégie militaire, l'Algérie multiplie les initiatives diplomatiques et politiques pour aider à une réconciliation des parties, en conflit, dans le Sahel, notamment entre le mouvement Azawad' ( MNLA) qui regroupe différentes factions en son sein et les pays partageant le Sahel. Toute cette frénésie politique, diplomatique et militaire, dans la région, ne peut réussir la paix tant que la confusion règne chez les décideurs politiquesn mêlant les groupes terroristes criminels aux mouvements de revendications légitimes des populations de l'Azawad, Touaregs sédentarisés ou nomades. Certains observateurs voient et craignent, dans l'offensive française, dans la région un reflux des groupes terroristes vers les frontières algériennes, voire dans son territoire et soupçonnent la France de pousser, par la force des choses et de la réalité du terrain, l'Algérie à s'impliquer militairement au Sahel. L'hypothèse n'est pas impossible tant le redéploiement et la mutation des groupes terroristes n'obéissent à aucune logique. Mis sous la pression du feu de la force multinationale de 5.000 hommes décidée par le «G 5» et qui sera portée à terme à 10.000 hommes, les terroristes risquent de se replier vers le nord, c'est à dire vers les frontières algériennes. Par conséquent, la réunion d'hier, à Bamako, du « G 5 » retient toute l'attention de l'Algérie, tant elle engage sa propre sécurité et aussi parce qu'elle pilote le CEMOC. La cible étant la même - les groupes terroristes- la coordination entre le « G 5 » et l'Algérie est inévitable, mieux, elle est vitale, pour tous les pays de la région.