Plusieurs champs de gaz et de pétrole qui devaient être mis en service durant l'année en cours vont devoir faire défaut et compliquer ainsi la situation de la compagnie pétrolière nationale. La compagnie pétrolière nationale vit actuellement une situation inquiétante. "La production de pétrole et de gaz de Sonatrach est en baisse aujourd'hui par rapport aux prévisions", assurent des sources concordantes. Cela explique pourquoi le P-DG de Sonatrach est en train d'entreprendre plusieurs visites d'inspection au sud du pays Après Rhourde Nouss, Hassi-Messaoud, Adrar, ce fut le tour lundi de Hassi-R'mel. Une escale qui a permis au patron de la compagnie de lancer les travaux de la phase 3 du projet boosting de Hassi-R'mel destiné à maintenir la pression dans cet immense champ de gaz et du coup garantir une production d'environ 60 milliards de m3 pendant encore 15 à 20 ans. Un investissement de 2 milliards de dollars. Pour honorer les contrats internationaux cet hiver, le P-DG de Sonatrach compte puiser selon ses propres affirmations à la presse dans les quantités de gaz reinjectés dans les champs de Hassi-Messaoud et Rhourde Nouss. Une solution critiquée par des experts parce qu'elle risque de diminuer la pression dans le gisement et affecter plus tard le niveau de production du champ. Cette solution a déjà été utilisée par ses prédécesseurs selon un spécialiste du secteur. Comment en est-on arrivé à ce trou d'air inquiétant ? À Hassi-R'mel le P-DG a exigé des responsables de la compagnie et des chefs de projet le respect des délais de réalisation, des impératifs de coûts et de qualité dans les projets de Sonatrach. Le patron de la compagnie a pointé du doigt la cause principale de cette baisse actuelle de la production d'hydrocarbures du pays. En effet, si les délais de mise en service des champs de Touat, de Timimoun, du pourtour de Hassi-Messaoud avaient été respectés, on n'en serait pas là. Ces champs de gaz et de pétrole devaient être mis en service en 2017. Ils le seront en 2018, voire 2019. À Adrar, le P-DG de Sonatrach a indiqué que les deux premiers gisements seront achevés le premier semestre 2018. "On a accusé un retard de 11 mois sur le premier champ", a reconnu le P-DG. Au total, un volume de production de près de 6 milliards de m3 était attendu de ces deux champs en 2017. Si on ajoute celui du champ de Reggane Nord, on passe à 8 milliards de m3/an. De quoi couvrir le déficit actuel estimé à 8 à 9 milliard de m3 de gaz. Les gisements de pétrole du pourtour de Hassi-Messaoud devront produire 60 000 barils/jour, de quoi enrayer la baisse de production de Sonatrach dont le niveau est en dessous de son quota Opep (production actuelle moins de 1,08 million de barils jour) déjà réduit de 50 000 barils/jour par la décision de pays Opep et non-Opep de décembre 2016, selon une source à Sonatrach. Mais ces grands glissements dans les plannings de travaux sont-ils dus uniquement à la gestion de Sonatrach ? Cette compagnie porte une part de responsabilité. Car, il ne faut pas oublier que les pratiques bureaucratiques ne sont pas absentes dans le management de ces projets. Mais une grande part de responsabilité de ces retards est ailleurs. Première raison : l'instabilité managériale à la tête de la compagnie : 7 P-DG en 7 ans ! Ces changements relèvent de décision politique. Sonatrach y est étrangère. Ces fréquents changements ont eu pour conséquences la nomination de nouveaux responsables à l'Amont qui ont eu pour effet de remettre en cause une programmation et donc de retarder des décisions qui sont en partie à l'origine de ces longs glissements dans les délais. Seconde raison : Alnaft, l'Agence nationale de valorisation des hydrocarbures met un à deux ans pour donner son feu vert au développement d'un gisement. Ce qui allonge les délais entre la découverte du gisement et sa mise en service. Ce long délai est en partie à l'origine des hésitations actuelles des compagnies internationales à investir dans le secteur pétrolier en Algérie. Autres raisons : l'environnement de l'entreprise. Procédures administratives, autorisations bancaires, problèmes logistiques, autant de freins qui rallongent les délais de réalisation. K. Remouche