La pollution industrielle à Oran n'est pas une vue de l'esprit, mais bel et bien un problème de santé publique que les pouvoirs publics ont du mal à contrôler. Tous les rapports établis à propos de ce sujet trahissent l'étendue du mal qui ronge la deuxième wilaya du pays, victime d'une industrialisation accélérée et anarchique, ces deux dernières décennies. Annoncée il y a plus d'un mois, une commission de wilaya chargée de contrôler les unités industrielles polluantes, principalement dans les zones industrielles et d'activité, vient d'être installée. La première étape de sa mission, attendue dans les tout prochains jours est le recensement de ces installations polluantes, notamment en matière de traitements des eaux. La commission peut adresser des mises en demeure aux industriels contrevenants, leur accordant un délai pour se conformer à la réglementation en vigueur et prononcer la fermeture des unités polluantes si rien n'est entrepris. Les zones industrielles et d'activité sont particulièrement dénoncées comme principaux lieux de pollution, notamment celles d'Es-Senia et de Hassi Ameur où le réseau d'assainissement des eaux usées existe, mais reste défaillant à 100%. En mars 2015, le constat local ne laisse aucune place au doute et aussi bien le rapport de la direction de wilaya de l'environnement que celui de la commission APW renseignent sur l'urgence d'une prise en charge effective du dossier. En effet, il a été recensé 137 unités de production relevant des secteurs des cuirs et peaux, de la pétrochimie, de l'agroalimentaire, de la mécanique et du secteur tertiaire qui déversent et rejettent impunément des produits hautement toxiques dans la nature. Les entreprises et sociétés implantées dans les zones industrielles d'Es-Senia 1, 2, 3, d'Arzew et de Bethioua ainsi que dans les zones d'activité de Hassi Ameur sont considérées, par ailleurs, comme les premiers pollueurs de par leurs activités, mais aussi par le non-respect de la réglementation en matière de traitement des rejets des déchets industriels. Les analyses d'échantillons prélevés pour mesurer la pollution de l'air et de l'eau indiquent des traces en quantités importantes et supérieures aux normes admises de produits chimiques, de métaux lourds extrêmement dangereux pour la santé et extrêmement nocifs pour l'environnement, tels que le plomb, les nitrates, le mercure, les poussières nocives, le CO, les matières grasses... Les rapports en question soulèvent une autre interrogation sur les lieux où ces entreprises pollueuses déversent leurs produits toxiques. Des rejets qui se font sans aucun traitement dans la mer, la sebkha, les zones humides classées et protégées, à l'exemple des lacs Telamine ou Oum Ghelaz. Par ailleurs, et dans la foulée de sa lutte contre cette pollution, le projet de délocalisation des entreprises industrielles situées à l'intérieur du tissu urbain, a été relancé par les services de la wilaya d'Oran. Une liste d'adresses, recensées en 2009, par une commission mixte installée, à l'époque, par la wilaya, est concernée par cette décision. Ces unités seront transférées vers d'autres sites situés dans la périphérie de la ville, et dans des communes limitrophes dans le cadre des études des plans d'occupation des sols (POS) et conformément à la nomenclature des établissements classés. Mais force est de reconnaître que si la volonté des décideurs est intacte, à chaque nouvelle arrivée à la tête de la wilaya, toutes les commissions et décisions prises ont été confrontées à la réalité oranaise où les patrons de ces entreprises sont pratiquement intouchables. S. O.