La bataille fait rage dans les milieux conservateurs iraniens pour la désignation des postulants à la magistrature suprême. Des observateurs pronostiquent même un éparpillement des forces. En tête des sondages d'opinions, Ali Larijani est l'heureux élu de certaines personnalités et formations politiques du courant conservateur. La désignation de l'ancien directeur de la télévision comme candidat à la présidence, par le Conseil de coordination de la révolution islamique, est loin de faire l'unanimité. Elle a même provoqué la colère de l'ancien chef de la diplomatie perse, Ali Akbar Veleyati. Ce dernier menace tout simplement de se porter candidat, en qualité d'indépendant. Son directeur de campagne, Ala Eddine Boroujerdi, a confirmé sa candidature à travers une déclaration à l'agence de presse Isna : “Malgré cette décision finale du Conseil, il se présentera en indépendant lors de la prochaine élection, comme il l'avait annoncé précédemment.” Cette réaction n'a pas manqué de susciter de l'inquiétude au sein des conservateurs. En effet, Mohamed Reza Bahonar, un des responsables de la Révolution islamique, a clairement reconnu que les différends existaient réellement dans leurs rangs. “Nous sommes inquiets de ce léger désaccord parmi les forces conservatrices et nous espérons parvenir à l'unité dès que possible”, a-t-il déclaré à la presse locale. En dehors de l'ire affichée publiquement par l'ancien ministre des Affaires étrangères, nombre de personnalités conservatrices ont annoncé leurs intentions de se porter candidats, à commencer par l'ancien président de la République Islamique d'Iran, Ali Hachemi Rafsandjani. Il s'est toutefois gardé de l'officialiser pour entretenir le suspense. Les candidats à la succession du réformateur, Mohamed Khatami, qui arrive à la fin de son second mandat consécutif et ne peut, par conséquent, se succéder à lui-même en vertu de la Constitution, sont fort nombreux. Dans le même camp, l'on retrouvera parmi les prétendants, Mohsen Rezaie, ancien chef des Gardiens de la révolution, qui s'est déclaré candidat. Le chef de la police de Téhéran, Mohammad Baqer Qalibaf, s'est également mis de la partie. Il a remis sa démission de commandant de la police pour briguer la tête de l'Exécutif. Chez les réformateurs, par contre, le nombre de postulants se limite à deux seulement pour l'instant, en attendant l'enregistrement officiel des candidatures prévu pour les 10 et 11 mai prochain. Ainsi, l'on retrouve l'ancien président du Parlement iranien, Mehdi Karoubi, et l'ex-ministre de l'Education Mostafa Moin. Les inquiétudes des conservateurs ne s'arrêtent pas à ce stade. À leur grand dam, seulement entre 42% et 51% des Iraniens ont l'intention de voter à la présidentielle du 17 juin, selon des sondages, a déclaré le porte-parole du ministère iranien de l'Intérieur. En effet, alors que les officiels présentent une forte participation comme le moyen de déjouer les complots des ennemis du régime, intérieurs et étrangers, qui contestent la légitimité de ce dernier, les intentions de vote sont très en deçà des espérances. Pour information, 48 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour choisir le prochain chef de l'Etat iranien. K. A.