À l'occasion de la réunion du Comité mixte économique franco-algérien (Comefa), tenue en début de semaine, une évaluation des échanges entre les deux pays a été passée en revue. Il en ressort que la part de marché française en Algérie est passée de 24% en 2000 à 10% aujourd'hui. Ces échanges, qui ont certes triplé entre 1999 et 2013, sont aujourd'hui en net recul. L'offensive chinoise en Algérie conjuguée à la concurrence de l'Italie, de l'Espagne, de l'Allemagne et même de la Turquie ont fait perdre, ainsi, à la France quelques plumes dans un pays qui prétend au statut de partenaire privilégié, voire d'exception. En 2014, la France a été reléguée au rang de deuxième partenaire de l'Algérie avec 10,9% de part de marché (12,08% en 2012) derrière la Chine (12,4%) et devant l'Italie (10,3%). Les exportations françaises qui étaient de 6,9 milliards d'euros ont tout de même progressé même si la Chine est devenue en 2014 le premier fournisseur de l'Algérie avec 8,4 milliards d'euros de produits exportés. La progression des exportations françaises a été portée notamment par la dynamique des ventes de céréales. S'il est vrai que les relations économiques et commerciales entre l'Algérie et la France ont nettement progressé depuis l'avènement du président Abdelaziz Bouteflika en 1999, les raisons de l'érosion constatée depuis dans le volume des échanges remonteraient également, au-delà des règles de commercialité, à certaines questions politiques et notamment mémorielles. Quoi qu'il en soit, et avec 8 milliards d'euros d'échanges commerciaux annuels, l'Algérie reste, tout de même, aujourd'hui, pour la France l'un des premiers partenaires économiques en Afrique. Sur ce chapitre, il y aurait quelque 500 entreprises françaises implantées en Algérie employant quelque 40 000 salariés directs et près de 100 000 salariés indirects, et ce, dans des secteurs variés, tels que les transports, l'automobile, l'agroalimentaire ou encore la pharmacie. Outre le statut de premier employeur étranger en Algérie, la France continue à se targuer d'être toujours le premier investisseur hors hydrocarbures. À ce titre, une trentaine de grandes entreprises françaises cotées au CAC 40 (le principal indice boursier de la Bourse de Paris) sont actives ou présentes sur le marché algérien. Par ailleurs, la récupération par le géant pétrolier français Total du contrat d'approvisionnement à long terme en gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance d'Algérie d'un volume de près de 10 milliards de mètres cubes par an va permettre à ce client de mieux faire valoir ses atouts en terme de négoce international. Par ailleurs, le déblocage du projet d'une usine Peugeot à Oran a été perçu comme un signal politique positif pour redynamiser les échanges économiques. Et parmi les secteurs prioritaires de coopération entre les deux pays figure, en bonne place, notamment les énergies renouvelables dont le développement en Algérie devrait profiter aux entreprises françaises. Mohamed-Chérif Lachichi