Le tribunal criminel près la cour d'Oran a condamné, lundi dernier, Z. Mohamed, alias le ferrailleur, à la prison à perpétuité pour le meurtre du veilleur d'un chantier de construction chinois situé à El-Barki, chantier situé à l'est d'Oran. Dans la nuit du 6 janvier 2016, Z. Mohamed, 31 ans, et son complice B. Abdelhak, 23 ans, employé dans l'entreprise de BTP chinoise chargée de la réalisation d'un programme de logements à El-Barki, pénètrent dans le chantier en question pour voler des barres de fer destinées à la revente au marché noir. Alors qu'ils sont occupés à transporter la marchandise jusqu'au mur de clôture, des bruits provenant de la loge du veilleur les figent. Selon Abdelhak, son complice lui demande alors de continuer le transfert du fer : "Je m'occupe du gardien", lui aurait-il lancé selon le témoignage d'Abdelhak. Z. Mohamed entre dans la loge du gardien au moment même où un ressortissant chinois apparaît à une vingtaine de mètres des lieux : "Quand je l'ai vu, j'ai pris la fuite, laissant les barres de fer sur place", continue Abdelhak. Le lendemain matin, en se rendant à son travail, il apprend que le gardien de la loge, M. Tahar, a été transporté à l'EHU d'Oran dans un état grave. Selon le diagnostic des médecins, la cage thoracique de la victime a été sérieusement abîmée, mettant en péril la vie même du patient. Deux jours plus tard, Tahar succombe à ses blessures et après autopsie, le médecin légiste conclut que la mort a été provoquée par un ou de violents coups portés sur le torse de la victime, provoquant des fractures de la cage thoracique. Une hémorragie massive a emporté le défunt qui laissait derrière lui, à Mascara, une épouse et quatre enfants. L'enquête lancée par la police aboutira à l'interpellation de Z. Mohamed, B. Abdelhak et M. Hamada, propriétaire de la camionnette devant transporter le produit du vol. Les deux premiers seront inculpés sous les lourds chefs d'accusation que sont l'homicide volontaire, l'association de malfaiteurs, le vol qualifié commis de nuit et en réunion, complicité... Lors du procès, Z. Mohamed, B. Abdelhak avouent être les auteurs de la tentative de vol avortée mais alors que les deux rejettent l'accusation de meurtre, Abdelhak charge son complice : "C'est Mohamed qui est entré dans la loge du gardien. Il m'a dit qu'il allait s'occuper de lui. J'ai entendu du bruit et des voix étouffées et lorsque j'ai aperçu le Chinois qui s'avançait de loin, j'ai préféré prendre la fuite." Mohamed jure, lui, s'être contenté de ligoter la victime et d'avoir également quitté les lieux en laissant le gardien en vie. À la barre, Hamada, 20 ans, rejettera l'ensemble des accusations, expliquant qu'il avait loué sa camionnette à Mohamed qui travaillait dans le marché noir des déchets ferreux : "Je la lui avais louée depuis deux mois parce qu'on m'avait retiré le permis et que je devais rentabiliser le véhicule." Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a affirmé que les éléments de preuves contenues dans le dossier d'accusation démontraient que les trois accusés étaient coupables d'association de malfaiteurs et de vol qualifié, et que Mohamed et Abdelhak étaient responsables du meurtre du gardien. Il requerra la peine de mort contre les deux accusés et 15 ans de réclusion pour Hamada. La défense a affirmé, elle, qu'on ne pouvait parler d'association de malfaiteurs puisqu'aucun élément de preuve de conspiration pour la commission du crime n'avait été apporté : "La tentative de vol avait eu lieu par accident. Voyant que des barres de fer étaient entassées, Mohamed et Abdelhak ont décidé de les voler, voilà tout. Il n'y a pas eu de préparatifs, d'appels échangés entre les accusés ou d'élaboration d'un plan quelconque", ont soutenu les avocats dont les plaidoiries se sont évidemment télescopées lorsqu'il s'est agi de l'accusation de meurtre. Si pour l'avocat de Z. Mohamed, aucune preuve matérielle incriminant son client n'a été apportée par l'accusation, celui de Abdelhak a chargé Z. Mohamed en affirmant que lui seul se trouvait dans la loge avec le gardien : "On peut conclure que c'est lui qui est l'auteur du crime, mon client n'ayant jamais mis les pieds dans la pièce et ayant fui alors que Mohamed se trouvait encore avec le défunt." Alors que les deux avocats plaideront l'acquittement pour le meurtre et les circonstances atténuantes pour le reste des chefs d'inculpation, la défense de Hamada plaidera l'acquittement pour l'ensemble des chefs d'accusation : "Notre client ne se trouvait pas sur le chantier à l'heure des faits et son seul lien avec l'affaire est la location de son véhicule à Z. Mohamed", a-t-elle argumenté. À l'issue des délibérations, le tribunal criminel prononcera la prison à perpétuité pour Z. Mohamed, reconnu coupable de l'ensemble des chefs d'accusation, condamnera B. Abdelhak à 10 ans pour constitution de malfaiteurs et vol aggravé, et M. Hamada à trois ans de prison pour complicité. S. Ould Ali