Il s'agit d'un vieux prénom d'origine berbère, aujourd'hui encore utilisé chez les Touareg du Hoggar. Le mot signifie "tonnerre" et, par métaphore, l'homme instruit dans les sciences religieuses, notamment la lecture du Coran. Le mot est encore attesté dans quelques dialectes, comme le chleuh, attesté sous la forme iggig. Dans d'autres parlers, comme le kabyle, il a le sens de "piquet". Dans l'histoire du Maghreb, un personnage célèbre porte ce nom. Il s'agit du juriste Waggag Ibn Zellû al-Lamâtî qui vécut au XIe siècle. Il était originaire du Sûs al-Aqṣa et appartenait à la tribu berbère des Lamata. Waggag se rendit à Kairouan où il fit sa formation, puis il revint dans le Sûs. Il s'était rendu célèbre en construisant une maison pour les chercheurs et les lecteurs de Coran. Cette maison portait le nom de Dâr al-Murâbitûn, la Maison des Almoravides, almurabitûn provenant du verbe arabe rabaṭa "lier, au figuré : par des liens de piété". C'est d'ailleurs dans cette maison que ‘Abd Allah Ibn Yâsîn, prédicateur de la secte des Almoravides* fit ses études. Ibn Zellû avait la réputation de faire tomber la pluie en temps de sécheresse. Ibn Zayyât al-Tadîlî rapporte, à ce sujet, une anecdote. "Les gens de Nafîs furent atteints par la faim (à cause de la sécheresse). Ils se rendirent auprès de Waggag Ibn Zellû. Dès qu'il les vit, il leur demanda : ‘Que vous arrive-t-il ? – Nous sommes éprouvés par la sécheresse et nous sommes venus te voir pour que tu invoques Dieu pour nous qu'Il fasse pleuvoir !' Il leur dit : ‘Vous êtes tels ces gens qui, voyant une ruche croient y trouver du miel ! Mais, venez, vous êtes mes hôtes !'. Il leur donna l'hospitalité pendant trois jours, et quand ils s'apprêtèrent à repartir dans leur pays, ils allèrent prendre congé de lui. ‘Prenez garde, leur dit-il, de reprendre la route par laquelle vous êtes venus ! Prenez plutôt cette autre route, pour que vous puissiez vous abriter de la pluie dans les grottes et les cavernes'. Dès qu'ils le quittèrent, Dieu leur envoya des nuages avec de fortes pluies. Celles-ci durèrent (si longtemps) qu'ils mirent six mois pour rentrer chez eux." Waggag Ibn Zellû mourut vers 1053. M. A. Haddadou [email protected]