Pour l'ancien ministre de l'Energie, l'Etat ne fait pas ce qu'il doit faire. S'exprimant hier lors d'une conférence-débat organisé à l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP), l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, a indiqué que "l'Etat ne fait pas ce qu'il doit faire" face aux énormes défis que doit relever l'Algérie. Dans une conférence intitulée "Economie algérienne : perspectives/prospection", Chakib Khelil a estimé que, selon les données, les revenus du pays resteront limités compte tenu des prix du pétrole qui, selon lui, vont stagner au niveau actuel, et que les réserves d'hydrocarbures, pour leur part, vont un peu chuter. Partant de là, Chakib Khelil a plaidé pour des réformes structurelles, lesquelles, selon lui, ont besoin d'un consensus, mais aussi de volonté politique. Devant une assistance d'étudiants et d'enseignants de l'ISGP, d'économistes et d'experts, mais aussi de personnalités, à l'instar des ex-ministres Mohamed Laïchoubi et Abdelhamid Temmar, Chakib Khelil a abordé dans sa conférence trois axes essentiels qui constituent les points noirs qui grèvent le décollage économique national. À savoir, les subventions, l'investissement et l'informel. Concernant les subventions, le conférencier affirme qu'il faut résoudre cette question des subventions. Il a expliqué que ces subventions impactent négativement le budget de l'Etat, réduisant ainsi ses capacités d'investissement. Prenant l'exemple du dessalement de l'eau de mer et de l'énergie solaire, Chakib Khelil a indiqué qu'avec ces subventions, la capacité de l'Etat à attirer le secteur privé devient très difficile, rendant, par exemple, le désengagement de l'Etat de ces secteurs impossible. Pour cela, il plaide pour des subventions ciblées et en cash. Rien n'est entrepris pour améliorer le climat des affaires Au volet des investissements, le conférencier pointe du doigt l'état du climat des affaires dans notre pays. Beaucoup d'actions ont été décidées, il y a des années, mais sur le terrain rien n'est mis en place, regrette-t-il. Par ailleurs, il a déploré le fait qu'une fonction de l'Etat n'existe pas, à savoir l'information. Selon lui, il n'y a pas de planifications indicatives et de vision à long terme. "Nous manquons de beaucoup d'études économiques et sectorielles", a-t-il ajouté, en plus du retard enregistré dans la numérisation qui, a-t-il expliqué, peut faire augmenter le taux de croissance d'un point. Pour Chakib Khelil, l'investissement n'est pas seulement de changer la loi. Il a évoqué, à ce titre, le renforcement de la diplomatie économique. Mais pour cela, il a souligné qu'il faut améliorer le budget et la qualité du personnel de ce département. La transformation de l'économie est difficile à entreprendre et il faut des réformes structurelles. Abordant la question de l'informel, le troisième volet de sa conférence, Chakib Khelil a estimé que le problème du marché parallèle, qui concentre une grande partie de notre PIB, doit trouver une solution. Pour un nouveau dinar Le marché parallèle pose beaucoup de problèmes allant de l'impact sur l'impôt et les revenus de l'Etat, la masse de monnaie en devises qui est gérée dans l'informel et surtout le cash qui circule en dehors du circuit bancaire. Il n'est pas question de l'éliminer, mais de l'intégrer dans le formel. Pour cela, il a indiqué qu'il faut suivre les exemples dans le monde avec la mise en place, par exemple, de la carte de crédit-débit et la facturation obligatoire. Et pourquoi pas instaurer un nouveau dinar ? s'est-il demandé. Chakib Khelil a même évoqué les ressources à l'étranger en disant qu'elles devraient intégrer le circuit national. À ce sujet, il saluera l'installation de banques algériennes à l'étranger. Lors de sa conférence et du débat qui s'en est suivi, Chakib Khelil ne s'est pas gêné pour titiller la démarche des pouvoirs publics. Ce qu'il ne fait pas forcément sur les réseaux sociaux notamment sur facebook. Reste que la multiplication de ses prises de position ces derniers temps peut suggérer qu'il essaye de se positionner sur l'échiquier politique. Des cercles politiques veulent-ils faire oublier ses mises en cause dans les affaires Sonatrach ? Mystère et boule de gomme. Saïd Smati