Le recteur a souligné que "ce qui manque à l'université, ce sont justement ces passerelles avec le monde économique et la valorisation des résultats de ses recherches qui peuvent lui permettre de rayonner sur son environnement". Les responsables de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, qui ont pris conscience de l'importance de la protection de la propriété intellectuelle, notamment en ce qui concerne les brevets d'invention et d'innovation, ont procédé, avant-hier, à la signature de deux conventions avec l'Anvredet (Agence nationale de la valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique) et l'Inapi (Institut national algérien de la propriété industrielle), qui comptent d'ores et déjà doter cette même université d'un Cati (Centre d'appui à la technologie et à l'innovation), qui vise à développer un potentiel créatif inhérent aux domaines universitaires, industriel et commercial. Les deux conventions ont été signées par le recteur de l'université de Tizi Ouzou, Ahmed Tessa, d'une part, et les directeurs de l'Inapi, Pr Belmahdi, ainsi que de la directrice de l'Anvredet, Pr Haliche, d'autre part. La cérémonie de signature a été précédée par deux conférences animées par les deux invités sous les thèmes "Diffusion et protection de la connaissance : le dispositif Anvredet" et "Propriétés industrielles (brevet d'innovation, marques, dessins et modèles)". Lors de son intervention, Pr Haliche a longuement abordé l'importance de la valorisation des résultats de la recherche scientifique dans le développement d'une économie de savoir en général et l'intérêt qu'elle peut revêtir dans l'économie algérienne et locale en particulier, et ce, tout en énumérant les potentialités et les faiblesses du système de protection algérien de ces résultats. "L'Algérie compte 27 000 enseignants chercheurs, 1400 laboratoires, 2100 chercheurs, 63 000 doctorants, 300 chercheurs en entreprise, 38 centres et unités de recherches et 104 établissements d'enseignement supérieur, mais il y a absence de texte exécutif permettant un statut de chercheur-enseignant-entrepreneur, l'entrepreneuriat n'est pas inclus dans la formation, le statut d'incubateur n'est pas encore adéquat et la confiance manque toujours entre l'université et l'entreprise", a-t-elle analysé, non sans souligner que "c'est en raison de toutes ces contraintes que l'Algérie est placée à la 113e place sur 128 pays dans l'indice mondial de l'innovation". Présentant le processus de valorisation de la recherche mis en place par les autorités, l'oratrice a également insisté sur la place accordée aux compétences algériennes dans la diaspora. À ce titre, elle a révélé que l'Algérie compte 539 inventeurs dans 23 pays et qui comptabilisent 3036 brevets. Après avoir présenté les textes régissant la protection de la propriété intellectuelle en Algérie, les caractéristiques des brevets et les mécanismes de leur protection ainsi que leur importance dans les actifs immatériels de l'entreprise, Pr Belmahdi a précisé que pour booster la créativité en Algérie, 43 Cati ont été installés dans des universités, entreprises industrielles et pépinières d'entreprises et que celui de Tizi Ouzou est le 44e du genre. Pour sa part, le recteur de l'université a souligné que "ce qui manque à l'université ce sont justement ces passerelles avec le monde économique et la valorisation des résultats de ses recherches qui peuvent lui permettre de rayonner sur son environnement". D'où alors, pour lui, tout l'intérêt de maîtriser ce processus de valorisation avec la contribution de ces deux organismes publics. Samir LESLOUS