On savait que le prix de certains produits allaient connaître une augmentation, notamment les carburants, mais cette dernière ne devait pas concerner le pain, produit de large consommation, même si les boulangers le revendiquent depuis longtemps. Mais surprise : le prix de la baguette de pain est passé de 10 à 15 dinars. à Constantine, cette mesure a provoqué la colère des citoyens. "Ils ont augmenté le prix du pain sans aucune annonce au préalable, ils n'en ont pas le droit", peste un habitant de la vieille ville. De son côté, l'association nationale des commerçants et artisans dément "toute augmentation du prix du pain", en affirmant dans un communiqué rendu public hier que "l'association nationale des commerçants et artisans n'a décidé d'aucune augmentation du prix du pain». L'association nationale des commerçants et des artisans appelle l'ensemble des boulangers à se conformer à la loi et à éviter les pratiques unilatérales qui pourraient nuire à la profession. Cependant, les boulangers ne partagent pas cet avis. "Le prix du pain n'a pas bougé depuis des années, contrairement au prix de la farine qui, lui, ne cesse d'augmenter, en plus des charges. Par ailleurs, il y a la concurrence déloyale des commerçants informels et cela pénalise énormément la filière", explique-t-on. à Annaba, les citoyens s'étonnent que l'on en parle avec insistance, aujourd'hui, alors que les prix pratiqués par les boulangers ont flambé depuis belle lurette. Dénonçant l'inertie des pouvoirs publics, tout particulièrement la DCP, censés veiller à l'application des prix de vente de ce produit de base, ils rappellent que depuis 2015, au moins, la baguette de pain dit "normal" est cédée à 10 DA à la boulangerie et 15, voire 20 DA, par les revendeurs informels. "Je ne l'ai jamais achetée à moins de 10 DA, même quand elle est affichée à 7,50. Alors pourquoi tant de bruit maintenant ?" s'interroge cet habitant. Pour cet autre, il ne fait aucun doute que les boulangers à l'origine de ce mouvement cherchent à arracher plus d'avantages de la situation économique qui prévaut dans le pays. "Non contents des bénéfices conséquents qu'ils tirent indûment des ventes de "kobz m'bessess", des pains ronds et des viennoiseries, ils ont sorti la grosse artillerie pour associer la population à leur mouvement de protestation au prétexte qu'ils risqueraient de fermer boutique. Ils ne feront rien de tout cela car ils sont déjà gagnants", ajoute notre interlocuteur. Ines BOUKHALFA/A. Allia