À l'appel du bureau de wilaya du Cnapeste, un sit-in a été organisé, hier, devant le siège de la wilaya de Tizi Ouzou où des milliers d'enseignants ont répondu présents pour dénoncer une agression physique perpétrée récemment par une policière sur une jeune enseignante dans les locaux de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou, et ce, en présence du personnel de service. Un immense cordon de sécurité protège l'entrée et tout le pourtour du siège de la wilaya. Les enseignants, des femmes en majorité, brandissaient leurs blouses blanches et des cartons rouges d'avertissement ainsi que des banderoles sur lesquelles on pouvait lire des slogans tels que "Quelle éducation sans la dignité de l'enseignant ?", "Touche pas à ma dignité", ou encore "Le remède de la médiocrité, c'est le déracinement". Une prise de parole a été organisée. Les intervenants ont usé de haut-parleurs pour dénoncer vigoureusement la passivité des responsables de la direction de l'éducation qui n'ont pas protégé leur fonctionnaire, mais aussi la brutalité des policiers de service. L'enseignante violentée, qui exerce dans le cycle primaire, nous a déclaré : "J'ai subi l'insupportable dans une République que je n'ai pas reconnue, le 18 octobre dernier, jour où j'ai été priée de sortir du bureau du service du personnel de l'éducation par une policière relevant de la sûreté de daïra de Tizi Ouzou. En voulant m'expliquer le refus de la secrétaire de me remettre un arrêté réclamé par mon inspecteur, la policière m'a demandé mes papiers, mais je lui ai répondu que j'étais dans les locaux de l'académie et non pas dans un poste de police. La policière m'a tordu le bras derrière le dos et m'a poussée dehors pour me plaquer au mur et m'asséner une gifle avec une rare brutalité." Selon Djilali Ikene, responsable du bureau de wilaya du Cnapeste : "Nous nous sommes réunis respectivement avec le directeur de l'éducation et avec le chef de cabinet du wali pour tenter de débloquer la situation, mais nous avons constaté l'absence de volonté des interlocuteurs pour trouver une issue à cette affaire regrettable. La commission d'enquête qui a été créée s'est transformée en commission de réconciliation et nous avons alors décidé de déclencher ce mouvement de grève illimitée, surtout que la réponse du directeur a été sans équivoque : ‘nous allons casser le Cnapeste !'" Des intervenants ont fustigé la déclaration de la coordination des associations de parents d'élèves qui, disent-ils, "au lieu de chercher le fil du problème, a versé dans la désinformation et l'opprobre envers les enseignants". Tous les intervenants ont mis en exergue leur détermination à poursuivre le mot d'ordre de grève tout en regrettant que, depuis le jour de cet incident, la jeune enseignante subit des pressions et des menaces de la part des responsables de l'éducation. KAMEL NATH OUKACI