Depuis trois semaines, les enseignants de la wilaya de Tizi Ouzou affiliés au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur tertiaire de l'éducation (Cnapeste) observent un arrêt de travail pour protester contre l'agression, par une policière, d'une enseignante, le 18 octobre, dans les bureaux de la direction de l'éducation. Le syndicat charge aussi deux responsables de la direction de l'éducation, à savoir le chef du personnel et celui du contentieux, d'autant plus que l'agression a eu lieu à l'intérieur même de leurs bureaux. «Au lieu de protéger l'enseignante en question, les deux responsables sont allés jusqu'à la menacer de témoigner contre elle en cas de poursuites judiciaires ou administratives», déplorent les syndicalistes qui exigent le départ des deux responsables. La grève a touché plusieurs établissements dans les trois paliers de l'enseignement, a-t-on appris de sources locales. Les protestataires ont organisé, hier, un rassemblement devant le siège de la wilaya pour réclamer que justice soit faite pour leur collègue. «Non à la hogra», «Ma dignité plus importante que le salaire», sont certains des slogans lancés. «Nous menons un combat juste pour la dignité de l'enseignant et non pour demander un quelconque avantage. Nous avons utilisé toutes les voies du dialogue possibles, dont des réunions avec le directeur de l'éducation, le chef de cabinet du wali. Nous avons également tenu deux sit-in afin d'exiger que justice soit rendue et signifier aux responsables que la dignité de l'enseignant est une ligne rouge qui ne doit jamais être franchie», indique un représentant du syndicat. Pour rappel, la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou avait nié, au lendemain de l'incident, les faits reprochés par le Cnapeste à la policière mise en cause. «Le 18 octobre, vers 10h30, un différend a éclaté dans le service du personnel de la direction de l'éducation, entre des fonctionnaires de ce service et une enseignante qui s'était présentée pour retirer une copie de décision de stagiaire. Le différend a dégénéré entre les antagonistes, ce qui a amené les responsables de l'administration de la direction de l'éducation à solliciter l'intervention des éléments de nos services de faction près cette institution. S'agissant d'une enseignante, la policière de faction s'est déplacée sur les lieux du différend et est intervenue en appelant l'enseignante au calme avec professionnalisme, en présence de témoins ; finalement, les choses sont rentrées dans l'ordre», lit-on dans un communiqué transmis à la rédaction. Et d'ajouter : «Cette enseignante a été reçue par la suite par les cadres de nos services de la sûreté de wilaya, sans jamais exprimer son souhait de porter plainte ou donner une dimension exagérée à cette affaire.» A Azazga, où les établissements du secondaire étaient déjà paralysés depuis plusieurs jours à l'appel du Cnapeste, les lycéens ont organisé, hier, une marche à travers les rues de la ville pour dénoncer, nous dit-on, «le vote à l'APN par les députés de la majorité d'une loi contre la promotion de la langue amazighe». Les perturbations enregistrées dans le secteur de l'éducation depuis trois semaines ont fait réagir des associations de parents d'élèves qui appellent à la reprise des cours. En raison de la grève qui perdure, l'association des parents d'élèves du CEM Adnane de Azazga a décidé de fermer l'établissement, jeudi prochain, pour protester contre ce blocage et exiger un dénouement salvateur en urgence : «Nous refusons que nos enfants soient utilisés comme monnaie d'échange ou que leur scolarité soit sacrifiée, pour une raison ou une autre.» Dans une lettre aux parents d'élèves de la wilaya de Tizi Ouzou, le Cnapeste tente de se défendre : «Le recours à la grève n'est que l'ultime moyen, constitutionnellement légal, dont nous nous servons lorsque la dignité de l'éducatrice et de l'éducateur est foulée aux pieds, bafouée et réduite à néant.»