À sa sortie du déjeuner officiel à la résidence de l'ambassadeur de France à Alger, le P-DG de la compagnie Alliance Assurances, Hassan Khelifati, nous a accordé un entretien express sur la visite du président Emmanuel Macron en Algérie. Liberté : Comment se décline, aujourd'hui, le partenariat algéro-français dans le domaine des start-up ? Hassan Khelifati : À mon sens, c'est un partenariat qui n'est pas très développé. Il est limité à sa plus simple expression. Il n'y a pas de politique générale, encore moins de mécanismes. En revanche, Xavier Niel, présent au déjeuner, a annoncé la création d'une école de start-up en Algérie. C'est très important pour les jeunes algériens. Si le président Macron a lancé French-Tech en France, il est nécessaire, à notre tour, de créer Algeria-Tech en Algérie. La règle 49/51 ne constitue-t-elle pas un handicap pour les investisseurs étrangers en Algérie ? Oui, parce que c'est une règle qui gêne beaucoup les PME françaises qui voudraient s'installer en Algérie. En revanche, elle ne gêne pas les grandes entreprises qui ont les moyens de se battre et de se défendre. Cela dit, nous avons toujours plaidé pour l'assouplissement de la règle 49/51, notamment pour les start-up et les domaines non stratégiques, et nous avons proposé de ne maintenir cette règle que pour les secteurs stratégiques. Peut-on prétendre attirer les investisseurs sans l'instauration d'une banque d'affaires dédiée qui pourrait constituer une alternative à la démarche actuelle ? Les banques d'affaires constituent un instrument vital pour accompagner les opérateurs économiques. À mon sens, il faut plusieurs banques d'affaires pour accompagner les investisseurs et insuffler une dynamique économique. Le plus important pour l'Algérie, c'est d'abord la stabilisation du cadre juridique. Les changements récurrents ne rassurent guère les investisseurs, notamment les PME-PMI. Aujourd'hui, on ne doit pas compter sur les grands investisseurs, même si ces derniers sont aussi importants. Aujourd'hui, ce sont les PME-PMI qui constituent le cœur de l'économie. Sinon, les banques d'affaires sont très vitales, mais il faudrait les démultiplier. Avez-vous un message à adresser au président français Emmanuel Macron qui a lancé le projet French-Tech, sachant que ce dernier vise à ratisser large dans le milieu de la jeunesse et de la matière grise ? J'ai eu l'occasion de discuter avec le président Macron et je lui ai fait part de notre souhait que notre jeunesse et notre matière grise restent ici en Algérie pour créer de la valeur, mais surtout pour s'impliquer à créer Algeria-Tech en Algérie. Aujourd'hui, il ne suffit pas de récupérer les crânes de nos martyrs des musées de France. Il faudra aussi récupérer nos cerveaux vivants pour le bien du pays. La coopération stratégique avec la France doit aller au-delà des investissements. Elle doit s'inscrire dans la formation, le transfert des technologies, l'encadrement des écoles de management et d'autres outils pour permettre à notre jeunesse de rester ici et de s'épanouir. À votre avis, quels sont les premiers enseignements à tirer de cette visite ? Bien qu'elle soit courte, cette première visite du président Macron est importante. Je pense que M. Macron est venu marquer de son empreinte les relations algéro-françaises, s'imprégner de la réalité de la coopération entre les deux pays et, par la même occasion, connaître ses interlocuteurs. On espère beaucoup, après avoir entendu toutes les parties, que M. Macron invite les PME françaises à venir investir en Algérie. On attend également du président Macron qu'il œuvre au rééquilibrage des investissements français en Algérie, car, aujourd'hui, ils ne sont pas encore au top. Entretien réalisé par : FARID BELGACEM