Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Réda Hamiani, a été réélu jeudi à Alger à la tête de cette organisation patronale à l'issue d'un vote à main levée lors d'une assemblée générale élective. A cette occasion, M. Réda Hamiani a accordé un entretien au site électronique Tout sur l'Algérie (TSA), ou il a mis en exergue le climat des affaires en Algérie. A cet effet, l'ancien ministre des PME-PMI est revenu sur le sommet algéro-français prévu les 16 et 17 décembre, l'impossibilité pour les patrons algériens d'investir à l'étranger et le contexte politique qui semble nourrir les craintes des chefs d'entreprises en Algérie. Ainsi, le président du FCE a affirmé qu'" il faut que les chefs d'entreprises français connaissent un peu mieux le pays, qu'ils rencontrent des partenaires et qu'ils se familiarisent un peu plus avec nos us et coutumes ". Avant de poursuivre, " cette fois-ci, il y a près de 80 entreprises françaises qui vont venir à l'occasion du sommet. Une douzaine d'accords de partenariat selon la règle 49/51 seront signés ". " D'autres accords avec de grands groupes sont également prévus et seront pilotés par le ministère du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement ", a-t-il rajouté S'agissant de la question des investissements des entreprises algériennes en France, l'orateur a indiqué que " celles-ci ne peuvent pas. La réglementation algérienne est très restrictive dans ce domaine et exige des investisseurs algériens un accord préalable du Conseil de la monnaie et du crédit (l'autorité monétaire) ". Tout en expliquant que " cet accord préalable pose problème parce qu'on ne l'a jamais eu. Concrètement, les dossiers déposés n'ont jamais eu un écho favorable ". Répondant à une question relative à la levée de l'interdiction, l'ancien ministre des PME-PMI a répondu affirmativement. En effet, il a déclaré, à ce sujet, " bien évidement que la levée est nécessaire ! ". Tout en rajoutant " en ce qui concerne le marché français, il y a certainement des opportunités pour racheter des entreprises et pour placer des produits algériens de l'agroalimentaire qui sont maintenant aux normes internationales comme le sucre de Cévital ou les pâtes et les couscous de Benamor ". "Je pense également aux flux d'échanges avec les pays africains. Cévital exporte de l'huile et du sucre. Il aurait besoin de créer des structures relais en Côte d'Ivoire ou en Afrique du Sud, par exemple, pour vendre ses produits et constituer des relais commerciaux " a-t-il déclaré au site électronique. Sur le même registre il s'est interrogé sur le fait si Cevital est capable d'investir à l'étranger en rachetant des entreprises et des usines en France et en Espagne… Concernant la règle 49/51, il a affirmé que celle-ci " semble toujours constituer un obstacle pour les investisseurs étrangers… ". Tout en rajoutant, " nous avons eu l'occasion de constater, avec un peu de recul, que cette règle ne constituait pas un frein pour les grands investisseurs sachant qu'ils auront le management ". " Des investisseurs qui savent trouver des parades. Pour les PME et PMI, oui. Et cette crainte fait perdre à l'Algérie son attractivité. En fait, la règle 49/51 est, de notre point de vue, trop générale. On devrait au préalable définir les activités dites stratégiques pour l'économie algérienne comme le pétrole, la téléphonie et les banques ", a-t-il soutenu. L'ancien ministre a même qualifié la généralisation de la règle 49/51 à toutes les activités comme étant un " acte pénalisant ". " On devrait essayer de donner un coup de pouce à l'entreprise qui assure la formation, celle qui transfère sa technologie et celle qui aide à l'exportation ", a-t-il indiqué. Concernant la décision de l'Etat d'exercer son droit de préemption sur Michelin Algérie, la même source a révélé que " c'est l'aspect foncier qui a été mis en avant dans cette affaire. Le gouvernement algérien veut récupérer la grande surface sur laquelle était installée l'usine de Michelin ". Pour lui, cette décision pourrait avoir un mauvais signal. " Les investisseurs étrangers n'ont pas suffisamment d'éléments d'analyse. Donc, ils ont tendance à conclure que l'Etat algérien est contre les étrangers et l'investissement privé ", a-t-il regretté. Concernant la forte baisse au baromètre des chefs d'entreprises en novembre, il a indiqué que ce " baromètre repose sur un niveau de production, un niveau de stock et un niveau de carnet de commandes. La combinaison des trois donne cet indice qui est ressorti à -17 en novembre, après avoir été à -4 en octobre. Nous n'avons jamais enregistré un tel écart. On constate qu'il y a moins d'achat et donc moins de vente ". Cette situation s'explique, selon lui, par le fait qu' " aujourd'hui il y a une espèce d'incertitude et d'inconnu liés au contexte politique. Il y a une hausse des prix et un malaise social, car on n'arrive toujours pas à offrir suffisamment d'emplois à nos jeunes ".