Après une semaine riche en projections-débats, tables rondes et conférences, le 8e Fica (Festival international du cinéma d'Alger), dédié au film engagé, a été clôturé dans la soirée de vendredi. Depuis son ouverture le 1er décembre à la salle El-Mouggar, les spectateurs ont eu l'occasion de voir des films d'horizons divers, notamment du Sénégal, du Burkina Faso, de Cuba, du Brésil, de Russie, d'Algérie... Les réalisateurs, chacun à sa manière, ont tenté à travers leur caméra de dénoncer les injustices, mais aussi de démontrer le combat d'hommes et de femmes engagés au quotidien pour le changement et l'égalité. Comme le veut la tradition, la dernière soirée a été ponctuée de la remise des prix aux meilleurs longs métrages fictions et documentaires. Avant de couronner les meilleures œuvres, Zehira Yahi, commissaire du Fica, a souligné dans son allocution de clôture : "Nous voici parvenus à cet instant où la tristesse se mêle à la joie, parce qu'il faut bien se quitter après tant de beaux moments, tant de découvertes, tant d'échanges et d'enrichissements culturels et humains." Tout en poursuivant : "Tous les films que nous avons vus ici nous enseignent à ne jamais baisser les bras, à maintenir intacte notre capacité à nous indigner et notre volonté à transformer cette indignation en possibilité pratique." Suite au discours, le jury dans la catégorie documentaire, présidé par le réalisateur et professeur de littérature Manthia Diawara, a décerné le grand prix à Kemtiyu Cheikh Anta d'Ousmane William Mbaye du Sénégal, car cette œuvre "dresse le portrait d'un personnage emblématique sur la quête de l'Afrique contemporaine". Ce personnage emblématique est brillant en philosophie, en chimie, en linguistique et en égyptologie. Et il a été le premier à introduire les mathématiques en langue wolof (langue nationale du Sénégal). Pour le "Prix spécial du jury", il a été attribué à On revient de loin (Opération Corréa 2) (France) de Pierre Carles et Nina Faur. Quant au prix "Mention spéciale du jury", il est revenu au palestinien Off frame, la révolution jusqu'à la victoire de Mohamed Yakoubi. Outre le jury, le public aussi a participé au vote tout au long de la semaine pour son film préféré. Dans cette section, le "Prix du public" a été attribué en ex aequo à Maman colonelle (Congo) de Dieudonné Hamadi et à Jean Genet un captif amoureux (France) de Michelle Colery. Concernant la catégorie fiction, présidée par le réalisateur Cheikh Oumar Sissoko, le jury a décerné le grand prix au film bouleversant United Kingdom (Royaume-Uni/France) d'Amma Asante. "L'humain est au centre de l'histoire, telle a été la mission accomplie de ce film. Cette belle réalisation tirée d'une histoire vraie porte sur l'engagement de la conscience et de l'amour, qui peuvent encore changer les choses." En effet, ce film raconte l'histoire d'amour entre Serestse Khama, jeune roi du Botswana, et la Londonienne Ruth Williams. Mais tout s'oppose à leur union : leurs différences, leurs familles, les lois anglaises et sud-africaines. Pour le "Prix spécial du jury", l'Algérie rafle une récompense grâce à Karim Moussaoui pour son premier long métrage En attendant les hirondelles, et la "Mention spéciale" a été remise au film brésilien sur le mouvement sans-toit Era o hotel Cambridge de Eliane Caffé. Comme pour le doc, le prix du public est revenu à deux fictions Nous n'étions pas des héros (Algérie) de Noureddine Guenifi et Battalion (Russie) de Dmitriy Meshiev. En outre, la soirée de clôture s'est poursuivie avec une série d'hommages à des personnalités du 7e art, disparues au cours de cette année, à l'instar de Mahmoud Zemmouri, Youcef Bouchouchi et Stevan Labudovic. Aussi, le Fica a honoré Rachid Bouchareb pour l'ensemble de sa carrière, qui sur scène semblait très ému par cette consécration. Afin de finir le festival en beauté, le public a été gratifié par la projection de Route vers Istanbul, le dernier film de Bouchareb, qui d'ailleurs a été sélectionné en short-list pour les oscars 2019, dans la catégorie "Meilleur film en langue étrangère". Hana Menasria