Ni son âge et encore moins toutes ces longues années de combat pour les libertés n'ont eu raison d'Ali-Yahia Abdennour. Du haut de ses 97 ans, l'avocat et le militant ne cesse d'analyser, de proposer et d'alerter. Hier, l'ancien président de la Laddh a présenté son nouveau livre intitulé Mon testament pour les libertés. Edité chez Koukou Editions, le livre sera dans les librairies à partir de ce matin. L'avocat n'a rien laissé en rade. Il a traité tous les aspects de la vie nationale. Politiques, économiques, sociaux... Devant une situation difficile, il propose l'espoir et la clairvoyance pour y faire face, mais, par-dessus tout, pour éviter un glissement vers la violence. "Une violence qui ne profitera qu'au régime", avertit-il. Mais il reste convaincu que le pouvoir finira par partir. Comment ? L'avocat pense que seul le combat politique peut aboutir, mais sait, pertinemment, que la mainmise du régime sur la société est tellement omnipotente qu'il sera difficile d'amorcer une dynamique qui finira par balayer le régime. "Le livre est un dossier d'informations et de réflexion destiné à ceux et à celles qui s'intéressent aux droits de l'Homme, un sujet qui renvoie à la question cruciale du système politique, du pouvoir, de la qualité des rapports entre gouvernants et gouvernés, et de l'organisation des institutions de l'Etat", écrit-il dans le texte de présentation du livre. Cet ouvrage est un plaidoyer pour un changement de système de gouvernance. L'auteur plaide "pour le respect des droits de l'Homme, l'égalité homme/femme, pour lever la tutelle sur le peuple, pour une transition démocratique" et s'élève "contre la dérive totalitaire du régime". L'analyse que fait l'avocat de la situation du pays prend en considération plusieurs aspects. De la colonisation à l'état actuel des choses, en passant par la prise de pouvoir par le clan d'Oujda, Me Ali-Yahia évoque aussi le conglomérat de l'opposition à Mazafran. Sur cette tentative de l'opposition de s'organiser, l'avocat a estimé que les premiers couacs sont nés chez les islamistes qui pensent qu'ils constituent la seule alternative. Il a témoigné que les partis de la mouvance démocratique ont mis en avant la nécessité d'imposer des élections propres pour connaître le poids de tout un chacun. Lors des débats, l'auteur considère que l'incapacité du chef de l'Etat à assumer ses responsabilités "profite à des clans" et à ce qu'il appelle "les visiteurs de nuit" qui gèrent le pays selon "leurs intérêts". Il a averti sur de probables tentatives des clans "de manipuler" la rue "pour s'assurer un ascendant sur l'autre clan", concluant que les Algériens "vivent sous une dictature". Dans son réquisitoire contre le régime, l'avocat a rappelé au Premier ministre Ahmed Ouyahia, notamment, ses prises de positions "contre nature" et ses volte-face. Mohamed Mouloudj