Le conférencier affirme, d'emblée, que "le problème de l'Ecole algérienne ne date pas d'aujourd'hui. "L'Ecole algérienne entre intégrisme et modernité", tel est le thème générique de la conférence animée, samedi dernier, au Théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh (TRB), par l'islamologue et chercheur en soufisme, Saïd Djabelkhir, dans le cadre du Café littéraire de Béjaïa. Le conférencier affirme, d'emblée, que "le problème de l'Ecole algérienne ne date pas d'aujourd'hui. Il prend sa source dans l'ère du mouvement national, plus précisément depuis la création des fameuses écoles réformistes, durant les années 1930, par l'association des oulémas musulmans algériens". C'est dans le même esprit de ces écoles dites réformistes, explique-t-il, que l'ancien Président, feu Houari Boumediene, avait pactisé, en 1965, avec les oulémas musulmans d'Algérie qui s'inspiraient des mouvements religieux du Moyen-Orient. Autrement dit, l'orateur a fait comprendre à l'assistance que le régime de Boumediene est à l'origine du drame que connaît l'Ecole algérienne, arguant le fait que les grandes décisions politiques d'alors étaient prises par le comité central du parti unique (FLN), dont le niveau de ses membres est connu de tous ! Outre le programme scolaire qui a fini par rendre l'Ecole algérienne "sinistrée", c'est le même parti unique qui a décidé, toujours sous le règne de Boumediene, de la loi sur l'arabisation dont l'intégration a touché l'ensemble des secteurs stratégiques, tels que l'éducation, la communication, la justice, les affaires religieuses... Durant les débats, ce chercheur en sciences islamiques et spécialiste du soufisme, a eu à répondre en toute objectivité et sans ambages aux différentes questions du public axées, essentiellement, sur la religion. "Je pense qu'il faut revoir la lecture des textes fondateurs de l'islam. Certains versets coraniques, tout particulièrement ceux prônant la violence comme la guerre (el-djihad) et les châtiments corporels, sont, aujourd'hui, dépassés. Cela dit, il faudrait, à chaque fois, prendre en considération le contexte dans lequel un verset a été révélé, afin d'éviter toute interprétation erronée", a estimé le fondateur du Cercle des lumières pour la pensée libre (CLPL). Et d'ajouter : "Personne ne détient la vérité absolue dans la religion. Du coup, il faudrait laisser une marge de manœuvre à l'esprit critique." À la pertinente question : "Comment peut-on concilier l'islam, la laïcité et la modernité ?", M. Djabelkhir dira : "Moi, personnellement, je suis musulman, mais laïque. La laïcité est, à mon sens, la seule voie qui pourrait nous immuniser contre les dérives sectaires et l'extrémisme religieux. Cependant, nous devons construire une laïcité qui s'adapte le mieux à nos valeurs et coutumes." Avant de conclure : "Il faut bannir l'islamisme politique. Pour ce faire, le développement du soufisme, tel que porté par les théologiens bannis, exécutés ou persécutés, à l'image d'Abou Yazid Bistami, Abou Al-Araba, Khaled Bentounès... constitue un véritable rempart contre le fanatisme religieux, voire une solution idoine à notre tragédie." KAMAL OUHNIA