Alors que les étudiants sont attendus aujourd'hui dans les rues de Béjaïa, une imposante marche a eu lieu, hier, à Akbou. En effet, des centaines de lycéennes et de lycéens auxquels se sont joints des militants associatifs, des citoyens de différents âges, ainsi que des élus locaux, et ont marché, hier, dans la ville d'Akbou. La raison : exprimer leur colère après, indiquera-t-on, le "rejet de la commission des finances du projet de loi portant sur la promotion et la généralisation de la langue amazighe sur tout le territoire national". La manifestation survient après les nombreuses autres, enregistrées dans toutes les régions de la Kabylie. D'autant qu'à l'université, le mouvement des étudiants ne semble pas se calmer en dépit des explications de certains députés ; le SG du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, le ministre de la Jeunesse et des sports, Ould-Ali El-Hadi parlent, quant à eux, de canular, en vain, puisque le mouvement se poursuit. La marche a été entamée depuis le lycée Technicum de Guendouza. Les marcheurs ont ensuite rejoint l'établissement scolaire Mohamed-Uharun. La foule grandit de plus en plus. Des slogans hostiles au pouvoir retentissent. Elle s'est scindée en trois groupes (carrés) tout en marquant des points d'arrêt. Encadrée principalement par des collectifs de jeunes lycéens, la marche, impressionnante, a tenu toutes ses promesses. "À Akbou, nous ne cédons pas au chantage des députés. Nous demandons la promotion de notre langue", lance, avec un haut-parleur, un des manifestants. Pour certains observateurs locaux, Akbou n'a jamais connu une démonstration de force aussi importante. Il y a lieu de signaler que des militants du MAK (Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie) — que certains les accusent de faire dans la récupération politique de l'événement — ont aussi participé à cette marche tout en brandissant des fanions à la main. Par ailleurs, au niveau de la place Berri-Ahcene, jouxtant le cinéma 20-Août-1956, les élus municipaux fraîchement installés et, à leur tête, l'édile communal rejoignent la marche. "Dans notre programme, nous avons envisagé de mettre tous les moyens nécessaires pour, justement, la promotion de la langue de Si Moh Umhend et la culture amazighe en général au niveau local", nous confie le président de l'APC, Mouloud Salhi. Sur la cour de cette place, les manifestants ont sillonné la rue principale pour enfin déboucher sur la place Colonel Amirouche. Les organisateurs ont pris la parole avant de se disperser dans le calme. En dépit des assurances du secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, et du ministre de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El-Hadi, concernant la promotion de tamazight, il n'en demeure pas moins que la polémique suscitée continue à faire des vagues. Ainsi, après les lycéens de Tizi Ouzou et de Béjaïa, hier, c'était au tour de ceux de Bouira, notamment la région est de la wilaya, de sortir dans la rue pour réclamer la promotion de cette langue et dénoncer le rejet, par la commission des finances de l'APN, d'un article de loi portant sur la promotion de la langue amazighe. Ainsi, à travers les communes d'El-Esnam, Bechloul, El-Adjiba, M'Chdellah et Aghbalou, des centaines de lycéens ont battu le pavé en scandant "Ma ulac tamazight, ulac, ulac", ou encore "Assa Azekka, tamazight tella tella !". Certains contestataires estiment que ce rejet est une "trahison" de la part des députés. D'autres lycéens de la commune d'Aghbalou ont fait part de leur colère, quant au rejet de cet article de loi. "Nous avons décidé de cette marche pour exprimer notre colère et notre désapprobation", dira Dihya, une lycéenne. Pour elle, "la Constitution a été bafouée" par les élus du peuple. De leur côté, les étudiants de l'université de Bouira ont protesté au sein de leur faculté contre ce rejet, qu'ils considèrent également comme un "affront" fait à la mémoire de Mouloud Mammeri et de Mouloud Feraoun. Ces étudiants, faut-il le souligner, comptent organiser aujourd'hui, lundi, une marche à l'appel du Collectif national pour la défense de l'identité amazighe (CNDIA). M. Ouyougoute/M. Chalal/RAMDANE B.