Les étudiants dénoncent l'attitude "répressive" des services de sécurité, sachant qu'à Tizi Ouzou et à Béjaïa, leurs camarades "ont marché dans le calme et aucun incident majeur n'a été signalé". L'université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira, s'est transformée, hier, en théâtre de violents affrontements entre les étudiants et les forces de l'ordre, suite à l'interdiction d'une marche en faveur de la promotion de la langue amazighe, initiée par le Collectif national pour la défense de l'identité amazighe (CNDIA). Tout a commencé vers 11h, lorsque les étudiants, environ 5 000, selon les organisateurs, ont voulu sortir de l'enceinte universitaire où ils s'étaient rassemblés depuis 8h du matin. Face au refus des services de sécurité, les contestataires ont tout de même tenté de briser le cordon sécuritaire, ce qui a donné lieu à une première charge de la part des policiers. En guise de "riposte", les étudiants ont fait pleuvoir sur les agents du service d'ordre, un déluge de pierres et autres projectiles. En l'espace de quelques minutes, le périmètre s'étalant du portail du campus jusqu'au siège de la cour de justice, a pris des allures de champ de bataille. Vers 12h30, et après une courte accalmie, les affrontements reprendront de plus belle. À ce moment, les services du maintien de l'ordre donneront un assaut, opérant plusieurs arrestations parmi les manifestants. Mais les affrontements se sont poursuivis et l'on dénombre, selon des sources médicales, une dizaine de blessés légers parmi les policiers, ainsi que huit blessés dans les rangs des étudiants. Ces derniers ont refusé de sortir de l'enceinte universitaire pour se faire soigner au niveau de l'EPH de Bouira, nous dit-on, et ont reçu les premiers soins au sein même du campus, sans doute par peur d'être arrêtés par les forces de l'ordre. Parmi les contestataires, il y avait des lycéens avec leurs blouses qui, nous dit-on, se seraient faufilés dès les premières heures de la matinée à l'intérieur de la fac de Bouira, afin de participer à la marche.À 14h30, un calme précaire régnait aux abords de l'université de Bouira, même si le dispositif sécuritaire demeurait sur place. Certains étudiants interrogés ont déploré l'attitude "répressive" des services de sécurité à Bouira. "Il n'y a qu'à Bouira que les marches sont interdites ! Nos camarades de Tizi Ouzou et de Béjaïa ont marché dans le calme et aucun incident majeur n'a été signalé. À Bouira, on réprime à tout va !", dénoncera un membre du CNDIA. Pour leur part, les services de sécurité justifient cette interdiction par un "risque élevé" de débordement, sans plus de précisions. RAMDANE BOURAHLA