Le secteur de la chaussure en Algérie n'a pas résisté à l'ouverture à la concurrence des produits importés venus des marchés mondiaux, en particulier des produits asiatiques. Sur un marché qui avoisine actuellement quelque 100 milliards de dinars avec 60 millions de paires par année, les entreprises nationales détiennent moins de 10% des parts du marché algérien de la chaussure. Selon El-Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et des artisans (Anca), le secteur de la chaussure est l'un des moins organisés en Algérie. Intervenant hier au siège de son organisation lors de l'installation d'une commission chaussure affiliée à l'Anca, El-Hadj Tahar Boulenouar a estimé qu'il est temps d'organiser ce secteur et d'identifier ses problèmes, d'où l'installation de cette commission qui aura pour mission de faire des propositions aux pouvoirs publics pour sortir le secteur de sa léthargie et d'encourager la production nationale. Pourtant, l'Algérie a prouvé par le passé qu'elle était capable de fabriquer de la belle chaussure. La région de Médéa avait les possibilités de couvrir à elle seule 40% de la demande nationale. Actuellement, le potentiel existe toujours. Ce sont près de 3 000 producteurs qui activent sur le territoire national essentiellement à Médéa, Oran, à Alger, à Blida, à Boumerdès et à Tlemcen. Par ailleurs, la région de Médéa est également pourvoyeuse de matière première. Sur cette question des matières premières, le président de l'Anca indique que la matière première existe. À titre d'illustration, il citera les 3 à 4 millions de moutons sacrifiés le jour de l'Aïd qui génèrent une énorme quantité de peaux et de laine. Pour sa part, Cherif Mohamed, fraîchement installé à la tête de cette commission, a expliqué que le secteur de la chaussure fait face à une multitude contraintes, à commencer par la concurrence déloyale que les producteurs subissent de la part de l'importation. Selon lui, souvent, on vend à des prix très bas des chaussures chinoises en les faisant passer pour des chaussures italiennes. La chaussure importée est souvent de mauvaise qualité car elle est importée non pas par des professionnels, mais souvent par des "trabendistes". Le marché se trouve inondé par les chaussures chinoises à l'origine de graves problèmes de santé. Par ailleurs, les producteurs font face également à des problèmes d'importation de matière première. Au nombre de contraintes, il citera aussi le manque de formation dans le secteur. El-Hadj Tahar Boulenouar a souligné que cette commission œuvrera à attirer l'attention des pouvoirs publics sur ce secteur en formulant des propositions concrètes, à l'instar des facilitations qui devront être accordées aux producteurs en ce qui concerne l'importation des matières premières et le contrôle des importation qui devra être plus rigoureux. Il s'agit aussi de plaider pour la création de zones industrielles dédiées, notamment, aux régions phares du secteur comme Médéa et Oran. La formation sera aussi un axe sur lequel la commission entend soulever avec les pouvoirs publics. Enfin, El-Hadj Tahar Boulenouar a annoncé pour 2018 l'organisation d'un salon de la chaussure fabriqué localement et une campagne de sensibilisation des commerçants sur la commercialisation de la chaussure locale. Saïd Smati