Cette démarche pèche par un manque de cadre légal qui puisse protéger les repreneurs. La charte sur le partenariat public-privé qui vient d'être signée samedi dernier par le gouvernement-l'UGTA et les organisations patronales pose de véritables problèmes d'application. Il faut savoir que ce document de 38 pages prévoit l'ouverture du capital des entreprises publiques à des sociétés privées locales ou étrangères. Pour les entreprises privées locales, l'Etat cèdera 66% des actions contre 49% pour les entreprises internationales. Le texte consacre également le partenariat public-privé dans les infrastructures. Là, les entreprises publiques peuvent s'associer avec des entités publiques dans la réalisation et gestion d'infrastructures : ports et aéroports. Des investisseurs privés sont à l'affût Pour le spécialiste financier, Mohamed Kessel, des investisseurs privés sont à l'affût. Ils attendent depuis des mois ces privatisations. Les PME qui seront sur la liste, certaines sont intéressantes, au regard de leur foncier, de leur part de marché. Il reconnaît que les rouages qui président ces ouvertures de capital ne seront pas forcément fluides. "Si le CPE ne se réunit pas à fréquence régulière pour approuver ces privatisations, on n'est pas sorti de l'auberge", ajoute-t-il. Mais un écueil se pose : l'entreprise publique détiendra la minorité de blocage. Du coup, cette privatisation partielle risque de ne pas intéresser d'autres repreneurs privés, affirme Abderrahmane Mebtoul, expert. "D'abord, la part de capital cédée ne semble pas très significative pour attirer les entrepreneurs privés. La majorité du capital n'atteint pas un certain seuil, ce qui n'est pas sans conséquence sur la prise de décision en conseil d'administration. La situation financière des PME, caractérisées, pour la plupart, de difficiles, risque, également, de dissuader les repreneurs". Abderrahmane Mebtoul considère que ce partenariat public-privé ne peut pas marcher. "Il met le privé dans la logique du secteur public qui accuse en bonne partie un véritable déficit managérial et technologique. Le cadre juridique de ce PPP n'est pas clair. Il n'y a pas de cadre juridique légal, fixant les droits et les obligations du repreneur, qui puisse le protéger. La charte ne constitue pas une loi. Il faut un texte de loi pour le PPP. Le PPP, pour qu'il puisse fonctionner, doit s'insérer dans une stratégie économique, une vision économique qui embrase tous le secteurs, une stabilité de la monnaie et un retour à la confiance à l'égard des gouvernants. Ce qui n'est pas le cas actuellement. Avec la dévaluation continue du dinar, les personnes qui ont de l'argent préfèrent investir dans le court terme, échanger des dinars contre des euros sur le marché, que d'investir dans la reprise d'entreprises publiques". Mohamed Kessel pointe du doigt, lui, le risque que ces ouvertures de capital se transforment en positions de rente. En définitive, la solution la plus adaptée semble, bel et bien, dans cette situation de crise financière, d'encourager l'investissement privé tous azimuts. Cela en améliorant le climat des affaires et en libérant les initiatives privées. Le rôle de l'Etat consistera à orienter cet investissement par des mesures incitatives vers la substitution aux importations et vers les secteurs qui participent à la diversification économique et, donc, à la sortie de la dépendance à l'égard des hydrocarbures. Tout cela demande une révolution des mentalités. Ce qui n'est pas chose facile. Mohamed Cherif Belmihoub, économiste, lui, ne cesse de souligner que sans la réforme de l'administration, le climat des affaires ne peut être amélioré. Tout un chantier reste, donc, à lancer pour pouvoir espérer une dynamique de croissance susceptible de surmonter la crise financière qui affecte le pays. K. Remouche