Le calme est loin d'être revenu dans la ville de Jerada, dans le nord du Maroc, où des milliers de personnes se sont à nouveau rassemblées, vendredi, pour dénoncer la précarité dans laquelle elles vivent. Aux appels à la grève générale, lancés par la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union marocaine du travail (UMT), la Fédération démocratique du travail (FDT), le pole syndical du mouvement d'Al Adl Wal Ihsan, la Fédération de la gauche démocratique (FGD), l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) et la Fédération nationale de l'enseignement (FNE), une grande manifestation a été organisée, vendredi, dans la ville de Jerada. Les participants à cette manifestation ont dénoncé la précarité dans laquelle vivent les habitants de cette ville, qui ont perdu deux des leurs, la semaine dernière, suite à l'effondrement d'une mine d'extraction de charbon. Pour rappel, deux frères âgés de 23 et 30 ans sont morts en effectuant des prélèvements dans les galeries d'une mine de charbon désaffectée. Ces décès ont suscité colère et émoi au sein de la population locale. Selon les médias locaux, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la principale place de la ville pour réclamer travail et développement, aux cris de "Alternative économique", ou "Non à la marginalisation". Les manifestants ont pointé du doigt des notables de la région qui détiennent des permis d'exploitation de charbon et qui, selon eux, font la loi. À noter que l'appel à la grève générale lancé par des organismes politiques et syndicaux a également été suivi par tous les commerçants et les écoliers de Jerada. Par ailleurs, les fonctionnaires du service public et les employés du privé n'ont également pas regagné leurs postes de travail. Les grévistes réclament "une alternative économique pour la région de Jerada, et contestent la cherté des factures de l'eau et de l'électricité", lit-on dans un communiqué conjoint des organismes grévistes publié par le journal électronique marocain H24. À travers les manifestations de ce vendredi, les habitants ont protesté contre la marginalisation de la ville qui souffre de l'absence d'infrastructures de base et de programmes de développement de nature à améliorer leur vie quotidienne. Les manifestants ont repris des slogans du mouvement de contestation du Hirak, qui a agité tout au long de l'année écoulée la région voisine du Rif (Nord), selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. La ville de Jerada est connue pour avoir longtemps abrité une importante mine de charbon où travaillaient encore quelque 9 000 ouvriers au moment de l'annonce de sa fermeture à la fin des années 1990. L'activité minière constituait alors la principale ressource des habitants, dont le nombre est passé depuis cette date de 60 000 à moins de 45 000. Merzak T./Agences