Sous contrôle judiciaire depuis le 5 avril dernier, les sept enseignants du Cnapest n'auront plus à faire les va-et-vient au tribunal d'Alger. L'affaire qui les oppose au ministère de l'éducation nationale suivra, désormais, son cours juridique normal sans la présence des “mis en cause”. En effet, l'absence du représentant du ministère de l'éducation nationale à la séance de conciliation prévue au niveau de la chambre administrative est interprétée comme un refus de conciliation qui donne un autre caractère à l'affaire. “Du moment qu'il y a eu non-conciliation avec l'absence du MEN, l'affaire se poursuivra au niveau administratif”, explique un membre du bureau du Cnapest. Et d'ajouter : “les enseignants ne seront pas obligés d'assister. Les avocats des deux parties se contenteront d'introduire des requêtes en attendant le verdict.” La tournure prise par l'affaire a réjoui les enseignants et les syndicalistes, mais il semblerait que le ministère de l'éducation nationale a délibérément choisi cette voie pour éviter les rassemblements à chaque audience ou procès d'enseignant. D'ailleurs, la journée d'hier a été marquée par la présence de nombreux enseignants de diverses wilayas du pays et de plusieurs syndicats autonomes, le Snapap, le SNPSP et le CLA. Le Conseil des lycées d'Alger avait appelé, il y a quelques jours, à un rassemblement aujourd'hui devant le palais de justice en signe de solidarité avec les sept enseignants. Un dispositif sécuritaire a été déployé dans la matinée aux alentours de la cour d'Alger, alors que l'audition était prévue dans l'après-midi. C'est aux environs de 12 heures que les enseignants et les syndicats commençaient à affluer. Des petits groupes se formaient et prenaient des proportions qui, visiblement, inquiétaient les agents de sécurité déployés sur les lieux. Les agents de l'ordre ont tout fait pour éviter aux enseignants de se regrouper devant et à l'entrée du tribunal. Les enseignants décident alors de rentrer et d'assister leurs collègues. Le hall sera envahi. L'attente donne lieu à toutes sortes de spéculations et commentaires, notamment : “Apparemment, ils n'ont pas encore eu les instructions.” Après près de deux heures d'attente, un syndicaliste du Cnapest annonce à l'assistance le report de l'audience pour non-conciliation en raison de l'absence du MEN. Pour rappel, le ministère de l'éducation nationale a déposé trois plaintes contre les syndicalistes du Cnapest depuis le début du conflit en raison du maintien du mot d'ordre de grève il y a quelques mois. Dans la dernière, introduite ces derniers jours, le département de tutelle “exige non seulement l'arrêt de toute activité syndicale au sein de cette organisation, mais aussi le gel de tout mouvement de protestation pouvant aboutir à un arrêt de travail au nom du syndicat jusqu'à ce que la justice tranche”. Ce que les syndicalistes dénoncent en estimant que les décisions émanent de la base, et le fait que les sept membres du bureau et du conseil sont sous contrôle judiciaire ne devrait pas aboutir au gel des activités du Cnapest. M. B.