Dans sa dernière contribution - novembre 2017-, le Collectif Nabni a proposé un plan d'action comportant 10 propositions à lancer en urgence pour amortir le choc contre l'iceberg. Ce plan appelle à démarrer les réformes de fond dès 2018, en visant les problèmes structurels de notre économie. Il s'agit de (1) parer au plus urgent et résoudre l'équation budgétaire ; (2) de démarrer immédiatement les réformes de fond et (3) de préparer l'avenir, dès aujourd'hui, en engageant des réformes de plus longue haleine. Dans cette première contribution, nous revenons sur le Chantier n° 1 : Delivery Unit, engagement et communication. La réussite d'un plan de réformes repose sur sa gouvernance, sa crédibilité et la communication qui l'accompagne. Les différentes parties prenantes (entreprises, patronat, associations professionnelles...) soulignent, de manière récurrente, le manque de coordination des actions entreprises par les pouvoirs publics, le manque de visibilité, les tergiversations dans l'engagement de certaines actions... Le collectif Nabni propose d'agir à 3 niveaux : Installer une Delivery Unit pour un meilleur suivi et une meilleure coordination des réformes : compte tenu du nombre, de l'importance et de la complexité des réformes à mettre en place par notre administration, il est impératif de prévoir des mécanismes de gestion des réformes et du changement via la mise en place d'une Delivery Unit. Cette unité spéciale dédiée à la gestion et au suivi des réformes aurait pour mission de mener à bien les réformes prioritaires contenues dans ce plan d'urgence et serait placée au niveau du Premier ministère (certains avis penchent pour son rattachement au président de la République) afin que son action soit efficace et ses interventions soutenues. Par exemple, cette DU pourrait coordonner des réformes stratégiques comme le choc du climat des affaires, la système de subventions, l'attraction des IDE, le développement des exportations ... ainsi que tout chantier prioritaire qui nécessite une forte coordination intersectorielle. La DU est différente des équipes ad hoc comme la task-force auprès du PM qui, elle, avait une simple mission de conseil. Les équipes spécialisées par thèmes se chargeront de coordonner la mise en place des réformes qui, par définition, impliquent plusieurs ministères et agences. Elles auront un rôle de déblocage de situations difficiles en matière d'implémentation et porteront les arbitrages au niveau le plus haut de décision. En plus d'une autorité lui permettant de s'adresser aux ministres en charge des réformes, cette unité devra être dotée d'effectifs conséquents et suffisants, d'une flexibilité de recrutement en dehors du régime de la fonction publique et de son propre budget (plus de détail dans les plans Abda I et II proposés par Nabni-www.nabni.org). Un engagement affirmé du gouvernement en faveur des réformes : il est crucial que le Gouvernement s'engage à mener les réformes structurelles durant les 18 prochains mois de façon crédible et transparente. Il doit également faire en sorte qu'elles fassent l'objet d'un travail soutenu au-delà des 18 mois en dépit des oppositions et du risque d'être interrompues ou remises en cause. Ceci risque d'être d'autant plus le cas que nous entrerons bientôt dans une période électorale. Les engagements de conduire des réformes, en contrepartie de la "bulle d'oxygène" que représente le financement du déficit budgétaire par la Banque d'Algérie, ont malheureusement très peu de crédibilité dans le contexte actuel. Pour faire écho aux déclarations d'intention de réforme affichées par le Gouvernement, il faut que le plan proposé soit encadré par des garde-fous institutionnels qui "protègent" les réformes des tentations futures de déraillement ou d'interruption du programme. Cette discipline pourrait être renforcée de la manière suivante : 1- Transparence. Le plan d'actions et de réformes doit être publié. Il pourrait s'intituler "Document d'engagement gouvernemental" sur les réformes. Il doity être précisé de manière transparente le contenu des actions, de manière très concrète et précise, les résultats mesurables attendus, les responsabilités institutionnelles ainsi qu'un échéancier précis. 2- Redevabilité. Ce document doit faire l'objet d'une présentation bi-annuelle devant l'APN par le Premier ministre, pour faire état des progrès réalisés. 3- Conditionnalité : Il s'agit de lier les décisions sur le financement monétaire au progrès des réformes. L'objet est de s'assurer du maximum de transparence et d'évaluation indépendante pour que tout retard ou machine-arrière dans les engagements pris soit clairement visible et largement dénoncé, avec l'identification des responsables de ces retards. Nous proposons ainsi que ce document d'engagement soit discuté à l'APN en préalable des discussions sur la loi de finances pour faire en sorte que le financement des déficits futurs par la Banque d'Algérie soient conditionnés par les progrès dans les réformes structurelles. Communiquer pour expliquer et construire l'adhésion aux réformes : le gouvernement ne doit pas faire l'économie d'un plan de communication réfléchi et cohérent qui vulgarise le contenu et les objectifs des réformes. La communication intempestive et anxiogène, en mode "pompier", est à proscrire compte tenu du caractère difficile de certaines réformes. Celle du système de subventions, par exemple. Il est important également d'expliquer en quoi les réformes entreprises permettent de préserver-renforcer notre modèle social. Evidemment, une telle communication n'est envisageable que si le plan de réformes est juste et partage équitablement le coût des réformes entre Etat, entreprises, citoyens. Le collectif NABNI