Depuis près de dix jours, des centaines de personnes font le va-et-vient entre leur village et le bureau de poste d'Aït Yahia Moussa. “Chaque matin, on se présente. On attend jusqu'à midi, puis les préposés lâcheront qu'il n'y a pas d'argent…”, avoue une fille de chahid de Tachtiouine. En effet, cette agence dont les clients sont pour la plupart des veuves et des filles de chahids, que cette situation martyrise chaque jour davantage, n'a pas été alimentée en argent depuis plusieurs jours. Les responsables d'Algérie Poste avancent comme justificatif “le manque de sécurité”. “Il faut avouer, ajoute un agent de la poste, que les convoyeurs de fonds ont peur de traverser cette région sans escorte.” À ce niveau, il n'y a ni visionneuse ni lieu où attendre. Pour rappel, la poste d'Aït Yahia Moussa a été cambriolée à deux reprises. La dernière fois, ce fut en 2003 quand vingt-deux millions de centimes y ont été subtilisés, si bien que la direction d'Algérie Poste avait décidé de procéder à la fermeture des bureaux postaux implantés dans les villages de Tafoughalt, de Tachtiouine et de Iaâllalen. Selon l'administrateur de cette agence, le même problème se reproduit à chaque échéance. “Nous avons fait des démarches auprès d'Algérie Poste et du chef de daïra. En vain”, a-t-il précisé. De leur côté, les clients sont en train de se concerter pour mener une action de réclamation de leur dû, dont ils n'ont pas voulu divulguer le caractère, “si, d'ici samedi, la poste n'est pas encore approvisionnée en liquidités”, s'est confié un client venu du village Tafoughalt. O. G.