La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, a suggéré, hier, l'introduction d'une loi pour interdire la grève dans les établissements scolaires, en réaction aux conflits d'ordre "relationnels" qui se déroulent dans les wilayas de Tizi Ouzou et de Blida, où elle a souligné l'impératif d'assurer la scolarité de diverses manières, notamment "en recrutant des vacataires, ou en faisant appel à des retraités". Mme Benghabrit, qui s'exprimait sur les ondes de la radio Chaîne III, hier, a tenu à faire remarquer qu'en matière de conflits sociaux dans le secteur de l'éducation, "la situation de 2014 n'est pas celle de 2018". "L'instabilité chronique qui caractérisait l'ensemble du secteur est, aujourd'hui, un ancien souvenir. Il y a un climat apaisé de manière générale", même si, dit-elle, dans certaines wilayas, comme Tizi Ouzou ou Blida, "il y a des conflits". Elle a soutenu que ce qui s'y passe n'est pas "un bras de fer" entre un syndicat et un ministère, ajoutant que "les problèmes que nous vivons dans l'éducation sont plus de nature relationnelle que professionnelle". Aussi, dans le cas de Tizi Ouzou, Nouria Benghabrit a indiqué qu'une inspection générale a été envoyée, que des rencontres sont en train de se faire avec les inspecteurs qui ont, à leur tour, tenu des réunions avec les chefs d'établissement. Ces derniers ont "l'obligation d'organiser la continuité du service public", a-t-elle martelé. En appelant à "placer l'école au dessus des pressions politiques", et en dénonçant, en des termes à peine voilés, certains qui "surfent sur un contexte particulier", elle a suggéré qu'il est "peut-être le moment d'introduire un texte de loi pour demander justement que la grève soit interdite au niveau de l'éducation nationale", en arguant par le fait que "ceux qui enclenchent les grèves gardent leur salaire et leur prime de rendement", mais aussi par l'obligation de respecter le calendrier de l'élève qui doit passer des examens nationaux et qui nécessitent du temps pour se mobiliser. Cependant, à la remarque de l'inconstitutionnalité de sa proposition, la ministre atténuera un peu ses propos, en indiquant qu'il s'agit d'"une proposition pour l'avenir", en prenant pour exemple certains pays comme l'Allemagne où la grève est interdite dans les établissements scolaires. Au lendemain du Conseil ministériel dédié essentiellement à cette question, Nouria Benghabrit a, en outre, indiqué que son département a obtenu le feu vert pour l'élargissement de l'enseignement de tamazight à 10 nouvelles wilayas et de son renforcement dans les 38 wilayas où il existe déjà, en faisant état de la création de 300 postes budgétaires d'enseignants pour les besoins de la prochaine année scolaire. Mme Benghabrit, qui dira considérer tamazight comme "un vecteur d'affirmation de la personnalité algérienne et de la consolidation de la l'unité nationale", a, toutefois, rappelé que l'édition d'un nouveau manuel scolaire a été faite dans les trois graphies, en tifinagh pour le sud du pays, en arabe pour le M'zab et les Aurès et en lettres latines pour la Kabylie. Ce qu'elle explique par l'objectif de "répondre à la variété et à la multiplicité de l'usage linguistique de tamazight". En affirmant que la responsabilité de ce choix revient aux experts, scientifiques et académiciens, l'oratrice a indiqué qu'avec l'institution de l'académie de la langue amazighe, un groupe de travail va être installé pour régler le problème de la standardisation. A. R. [email protected]