La tradition a émergé des entrailles de la société qui, depuis les jours anciens, l'entretient, en dépit des ostracismes politiques. Yennayer de cette année, qui survient à la faveur d'une réparation étatique symbolique, revêt un cachet particulier. Beaucoup de ceux qui, hier encore, vilipendaient ce repère identitaire ne manqueraient pas d'adopter un profil bas, maintenant que le Jour de l'an berbère est reconnu officiellement par les pouvoirs publics. Même si dans la diaspora Yennayer a toujours pris un caractère festif, il reste que des animateurs du mouvement associatif tentent tant bien que mal de sensibiliser les Algériens émigrés, notamment ceux des 2e et 3e générations, à l'importance d'un tel événement, d'origine agraire, dans la construction de l'identité nationale. Au Canada, le mouvement associatif issu des communautés kabyle et chaouie est particulièrement actif. Yennayer est célébré ainsi chaque année par plusieurs associations culturelles. Après l'organisation d'un spectacle par le Centre amazigh de Montréal (CAM), samedi dernier, c'est au tour de l'école d'enseignement de tamazight INAS de lui emboîter le pas. Inas organise, comme de tradition, une soirée-bénéfice ce samedi à Montréal. Outre le traditionnel couscous végétarien (ameqful), la soirée sera ponctuée d'un gala artistique avec une pléiade de jeunes artistes ainsi que la chorale de l'école Inas. L'Association des Kabyles du Canada organise le même jour et à Montréal aussi une soirée musicale, alors que l'Association culturelle amazighe d'Ottawa et Hull (ACAOH) marquera le Jour de l'an berbère avec couscous et performances musicales dans une cérémonie qui se veut grandiose. Le couscous traditionnel de Yennayer sera également à l'honneur à l'occasion d'une célébration organisée, samedi à Montréal, par l'Association internationale pour la fraternité amazighe (Aifa), en collaboration avec le Centre culturel algérien (CCA). Pour sa part, l'association culturelle Zerfa chaouie Québec compte célébrer Yennayer le 20 janvier. Plusieurs festivités y sont prévues. La gastronomie chaouie sera à l'honneur à cette occasion. L'organisation donne des cours de chaoui, orienté sur la conversation. Pour la première fois, le consulat général d'Algérie à Montréal s'implique dans la célébration du Jour de l'an amazigh. Une cérémonie est prévue le 20 janvier à Montréal. L'administration consulaire organise habituellement deux cérémonies au profit de la communauté algérienne au Canada. Ces rendez-vous sont organisés le 5 Juillet et le 1er Novembre de chaque année. L'implication du consulat était prévisible, depuis la consécration de Yennayer, journée chômée et payée. Toutes ces manifestations culturelles sont caractérisées par des activités alliant folklore et gastronomie. Souvent, après les festivités, le public oublie jusqu'à la symbolique de Yennayer. De Montréal : Yahia Arkat