La Fédération de Russie semble jouer les rabat-joie en déclarant, par la voix de son ministre de l'Energie, Alexandre Novak, qu'une sortie en douceur de l'accord sur la limitation de la production mondiale de pétrole, conclu le 10 décembre 2016, pourrait être évoquée lors de la prochaine réunion le 21 janvier, à Oman, entre l'Opep et ses partenaires. Novak a ajouté : "Je ne pense pas qu'on nous empêchera de discuter de ces questions." Cette déclaration, aussi étonnante que préoccupante, intervient alors que les cours du pétrole sont sur une courbe ascendante, atteignant même 70 dollars, un seuil symbolique marquant une étape importante de l'évolution des marchés. Pour autant, l'équilibre n'est pas encore atteint. Et le ministre russe le sait, relevant que le marché mondial n'était pas encore rééquilibré, malgré un baril de Brent à quasiment 70 dollars. Pour Alexandre Novak, un excédent d'offres persiste sur le marché pétrolier mondial. "Nous voyons que l'excédent sur le marché se réduit, mais le marché n'est pas encore complètement équilibré et, bien sûr, nous devons continuer à surveiller la situation", a-t-il dit. Les Russes comptent-ils faire volte-face ? Le patron de Lukoil, l'une des plus grandes compagnies pétrolières russes, lève un coin du voile sur la question, affirmant que la Russie devrait commencer à sortir de cet accord si les cours restaient à 70 dollars le baril pendant plus de six mois. Si elle le fait, l'accord risque sérieusement de se lézarder et les prix de l'or noir de baisser de nouveau. Jusqu'ici, le deal entre l'Opep et 11 pays non-Opep dont la Fédération de Russie, paraît efficace en ce sens qu'il a permis de faire remonter les cours du brut. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et d'autres producteurs ont réduit, depuis début 2017, leur production cumulée de 1,8 million de barils/jour. Cet accord a été prolongé jusqu'à fin 2018. Les pays du Golfe au sein de l'Opep prévoient de continuer à plafonner leur production au premier trimestre 2018 malgré la forte croissance de la demande et la contraction des stocks mondiaux, a déclaré, vendredi dernier, une source haut placée au sein de l'organisation citée par Reuters. Les producteurs de pétrole du Golfe veulent être sûrs que l'excédent des stocks commerciaux de pétrole accumulé ces trois dernières années sera complètement résorbé. Le comité conjoint du suivi Opep-non-Opep dirigé par l'Arabie saoudite va continuer à surveiller le marché et faire en sorte que tous les pays respectent leurs réductions (de production). Le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis a, pour sa part, déclaré, vendredi, que l'Opep ne devait pas "surréagir" à la hausse des cours. "Nous ne regardons pas les cours tel ou tel jour en nous disant que nous sommes parvenus au point que nous devons changer des choses. Nous devons laisser du temps au marché", a dit Souhaïl al-Mazroui, qui assure la présidence tournante de l'Opep. Et de poursuivre : "Je ne pense pas que les fondamentaux aient changé au point de nous amener à envisager (une modification de l'accord) ou à paniquer (...). Il n'y a aucun besoin de se précipiter et de faire des hypothèses (sur) ce que nous allons faire." Youcef Salami