La levée de l'interdiction de recrutement décidée par la FAF en faveur de 8 clubs, à savoir le MCO, le CRB, le RCK, le CAB, le CRBAF, l'USMB, l'USMH et la JSMB, annule de facto la procédure disciplinaire entamée contre ces équipes. Outre le fait, donc, de pouvoir bénéficier de leurs nouvelles recrues, 32 en tout (4 pour chaque club), ces 8 équipes ne risquent surtout pas de se voir défalquer des points par la commission de discipline de la LFP, puisque dans la foulée la FAF a décidé d'accorder un délai supplémentaire jusqu'au mois de mai pour payer leurs dettes vis-à-vis des joueurs et/ou des entraîneurs, soit à la fin de la saison en cours. Dans l'esprit des membres du bureau fédéral, la chambre de résolution des litiges de la FAF (CRL) devra faire un point de la situation de ces contentieux (en plus de ceux qui vont sans doute venir se greffer d'ici le mois de mai) avant de rendre publiques de nouvelles notifications, d'autant plus que le président de la FAF, Kheireddine Zetchi, a répété à qui veut bien l'entendre que c'est la dernière fois que la FAF prend une telle "mesure exceptionnelle" en faveur de clubs endettés. Ouvrons juste une parenthèse pour rappeler que Zetchi avait tenu le même discours l'été dernier envers ces mêmes clubs au cours d'une réunion tenue au mois de juin sans pour autant exécuter sa menace durant le dernier mercato d'hiver. "S'il n'y avait pas le cas de l'ESS, la FAF aurait appliqué sa décision d'interdiction de recrutement", soutient Zetchi feignant d'oublier qu'il pouvait tout aussi passer à la défalcation des points, prévue par la réglementation en vigueur, contre ces clubs, y compris l'ESS, à travers la commission de discipline de la LFP, comme ce fut le cas la saison précédente contre le RC Relizane. De toutes les façons, la FAF ne fait que reporter un problème qui va encore resurgir lors du mercato d'été avec son lot de plaintes de joueurs et d'entraîneurs impayés. Ce n'est pas en 6 mois que nos clubs, tous déficitaires, vont effacer leurs ardoises salées. Loin s'en faut. Du coup, la FAF doit réfléchir dès à présent à une feuille de route au sujet de la CRL et la manière avec laquelle il faudra dépasser cet obstacle sans susciter de nouvelles polémiques. La FAF doit s'inspirer de la démarche de la Fifa En effet, si aujourd'hui le départ de Kerbadj a servi d'alibi inespéré pour reporter de nouveau un problème encombrant et se débarrasser surtout d'un opposant déclaré, il n'en demeure pas moins que l'été prochain la FAF devra trancher dans le vif, sinon c'est sa crédibilité qui sera mise en péril. À ce titre, si la sanction de l'interdiction de recrutement est reconduite, il faudra sans doute prendre la précaution de publier, via la commission de discipline et non pas la CRL, avant le début du mercato d'été, la liste des clubs concernés pour empêcher que le scénario de joueurs pris en otages ne se reproduise. À charge ensuite pour la commission de discipline de la LFP de prononcer les mises en garde nécessaires et éventuellement les défalcations de points inévitables (un club pourrait même démarrer le championnat avec un solde négatif). En tout cas, les clubs des Ligues 1 et 2 ont six mois, désormais, pour assainir leur situation financière et éviter les éventuelles sanctions de l'été. La FAF devrait en fait s'inspirer elle-même de l'exemple de la Fifa qui a fait de l'arme de la défalcation de points un argument dissuasif contre les clubs récalcitrants. En attendant, les joueurs et les entraîneurs, déçus par les reculades répétées de la FAF sur ce dossier des salaires impayés, auront toujours la latitude de recourir à l'arbitrage de la Fifa où l'intransigeance et le respect des lois ne sont pas de vains mots. À Zurich, les joueurs sont au moins sûrs de récupérer leur dû. Les exemples de l'USMBA et du CRB sont, à ce titre, éloquents ! SAMIR LAMARI