Près de 3 000 étudiants de l'ENS ont marché hier à Constantine, défiant l'imposant dispositif sécuritaire mis en place pour les en dissuader. Les normaliens ont réussi à paralyser complètement la circulation automobile au centre-ville de Constantine pendant près de trois heures. La situation a même failli dégénérer lorsque les protestataires ont tenté de forcer le barrage des brigades antiémeutes pour porter leur manifestation devant le cabinet du wali encadré d'un impressionnant renfort des forces de l'ordre. Innovant à l'occasion de chaque mouvement de protestation, ils ont réussi une autre fois à déjouer l'étau sécuritaire mis en place. En effet, les policiers qui pensaient maîtriser la procession des étudiants qui s'est ébranlée à partir de la Place de la pyramide via l'avenue Abane-Ramdane, ont été surpris par la ruée soudaine da la marée humaine vers la rue Bouderbala (ex-Petit) donnant accès au boulevard Belouizdad (Saint-Jean) qui n'était pas barricadé. Les membres du service d'ordre qui ont vraisemblablement reçu l'ordre de ne pas intervenir ni de faire usage de la force sous aucun prétexte, ont tenté à maintes reprises de négocier une issue rapide au blocage quasi-total de la ville, imposé par les marcheurs qui ont tempéré le rythme de leur cortège, marqué par des haltes récurrentes de plusieurs minutes. De retour au point de départ, Place de la pyramide en l'occurrence, ils hausseront davantage le ton en s'en prenant ouvertement dans leurs slogans aux ministres de l'Enseignement supérieur et de l'Education nationale. Ils ont tenté de forcer le barrage pour accéder à la station du tramway mitoyenne du cabinet du wali. Des empoignades s'en sont suivies, provoquant la blessure d'un étudiant qui n'abdiquera, visage ensanglanté, que difficilement. Une étudiante s'est évanouie au cœur de la mêlée et là, les agents du service d'ordre pécheront par excès de zèle en empêchant ses camarades de la secourir. Elle sera finalement évacuée par les éléments de la Protection civile. Kamel Ghimouze