Avec son mélange de rock, reggae et folk, Leh'na est indéniablement un travail de longue haleine qui change des styles qui se répandent actuellement sur la scène musicale, en s'adressant à toute personne ayant vécu des expériences douloureuses. Après une dizaine d'années de présence sur la scène musicale algérienne, l'auteure-compositrice et interprète Hayet Zerrouk publie enfin son premier album Leh'na, sorti le 27 janvier dernier aux éditions Ostowana. Neuf morceaux, aux titres intimement liés au parcours, état d'esprit et réflexions de la chanteuse sur la société algérienne, font écho à ce que tout être peut vivre durant son passage ici-bas. Dour, l'un des titres de l'album et aussi premier single dévoilé en 2010 après son passage au radio-crochet Turbo musique en 2008, inaugure cet opus où la folk, le rock et même un petit côté reggae se mêlent pour créer un intéressant mélange de sons, au style qui reste cependant assurément classique. On remarque au premier coup d'œil les thèmes récurrents et le fil conducteur de ce travail qui transpirent l'expérience personnelle et l'envie de les transcrire, de les chanter et de les immortaliser. "Tant de mensonges que j'ai laissé passer. Tant d'erreurs que j'ai pardonnées. Dis-moi que me reste-t-il à faire ? Continues de t'amuser." Démarrant sur un rythme lent, le morceau incorpore des passages en langue anglaise, avec toujours la même intensité niveau paroles. Hadi hiya edenya, dont le vidéo-clip a été révélé il y a près de deux ans sur Youtube, est une chanson aux thèmes universels, que sont la fugacité de la vie, la solitude et le temps qui passe. Plus mélancolique dans sa voix même, Zerrouk réhausse l'un des titres phare de son album avec des guitares acoustiques et électriques, qui s'harmonisent finalement pour donner naissance à un morceau agréable et plein de sensibilité. Plus léger, du moins mélodiquement, Leh'na, titre éponyme de l'album, est le morceau entêtant de l'opus, avec ses sonorités folk et sa petite touche électro. La fin du titre, enjouée, entraînante, rappelle l'une des idoles de Zerrouk, Tracey Chapman. Sur de douces mélodies, Ften (réveille-toi) dénote avec les chansons précédentes, car ici, c'est les manipulatrices et autres briseuses de ménage qui sont évoquées : "Elle te paraissait jeune et innocente, mais elle connaissait déjà tout. À cause d'elle t'as laissé tomber tes enfants et ta femme. Elle a détruit ce que t'as construit. Elle a fait sa niaise et elle t'a laissé dans le noir. Elle a détruit ce que t'avais construit." Après une introduction sentant bon le reggae, le morceau fait dans le répétitif cependant, avec un rythme et une intonation de la voix qui ne changent que rarement tout au long du morceau. On remarque, par ailleurs, qu'elle est plus à l'aise quand elle chante exclusivement dans la langue de Shakespeare, et c'est le bonus track, Never get enough (jamais assez) qui le prouve. Car dans celui-ci, il apparaît que l'artiste met davantage en avant sa voix, qui s'épanouit et délivre une palette plus importante d'émotions, aidée par des paroles fluides et harmonieuses : "Cause there's no logic. There's no reason. You don't care if your heart is bleeding. If your nights are restless if there's no sleeping", (parce qu'il n'y a pas de logique, pas de raison. Tu t'en fous si to cœur saigne. Si tes nuits sont sans repos, sans sommeil). Avec ses genres éclectiques, rock, reggae, folk, danse, cet opus est indéniablement un travail de longue haleine qui change des styles qui se répandent actuellement sur la scène musicale. Bien que basé sur les expériences personnelles de l'interprète, Le'hna, album cathartique par excellence, s'adresse également à toute personne ayant un jour été trahie, malmenée ou délaissée. Yasmine Azzouz