Encore une année depuis ton assassinat, encore une année d'impunité pour tes assassins, pour ceux qui nous ont endeuillés, ceux qui ont fait de l'Algérie un cimetière de morts-vivants, car toute Algérienne ou tout Algérien qui résiste et lutte contre les menaces intégristes pour que vive la démocratie est présumé mort. Aujourd'hui, et tous les jours, une douleur au fond de moi est réveillée par l'impunité. Ce deuil que je n'ai pas fait, cette paix que j'attends et qui n'arrive pas, cette justice que je revendique et que je ne retrouve pas du fait qu'elle soit nourrie par la trahison de ce - un tiers de président - qui a accordé l'amnistie sous toutes ses formes aux terroristes, dont l'application est toujours valable pour ceux qui veulent encore assassiner des citoyens et se rendre sans qu'aucun préjudice ne leur soit fait. Voici comment ce président joue son rôle de garant de la Constitution. A-t-il “éteint l'incendie dans le respect de la morale et des lois de la République” ? Nous sommes en train de vivre une psychose au milieu des terroristes amnistiés qui sont devenus aujourd'hui nos voisins, nos collègues, nos élèves, nos malades et même nos gouvernants malgré nous. A-t-il “veillé à ce que les droits des familles des victimes du terrorisme soient défendus et préservés” ? N'a-t-il pas dit que “les marchands de la mort et de la trahison ne trouveront pas de pardon auprès de notre peuple ” ? Que de mensonges, que de contradictions dans ses propos incohérents ! Comment, dès lors, accorder le pardon à ceux qui ne l'ont pas demandé et qui n'ont jamais regretté leurs crimes ? Voici sous quelles lois nous vivons, Zinou, toi qui as sacrifié ta vie pour la patrie, je ne sais comment retenir ma colère face à cette injustice. Néanmoins, je me console et me dis au fond de moi que la partie n'est pas perdue, je me réjouis en pensant que des milliers d'Algériennes et d'Algériens se sont mobilisés et ont résisté contre l'intégrisme islamiste et que leur choix de vie est déjà fait. Repose en paix Zinou, l'Algérie que tu voulais nous reviendra. Mme Vve Zinou Merci Zinneddine Cela fait 8 ans, le 6 janvier 1995, jour pour jour, qu'on t'a ravi à l'affection des tiens. Stoïques, tes parents, frères et sœurs ont accusé le coup. Certains de tes amis, les vrais, se mordent les doigts parce qu'ils n'étaient pas arrivés à te convaincre de laisser tomber ce métier. Oh ! cher frère et grand journaliste, si l'on t'a eu c'est que les “tiens” ont permis cela. Tu n'es plus de ce monde. Tout ce qui pourrait se dire ou, s'écrire ne va pas changer les choses. Seulement, il y a des situations qui frisent l'indécence : les menaces de mort, proférées contre toi, ne t'ont pas empêché d'aller sur le terrain pour couvrir certains grands évènements à l'exemple de l'affaire “Air Bus” où tu as passé la nuit pour venir le matin rapporter dans tes papiers, avec ta plume juste et brève, des vérités. Quelles ont été les dispositions nécessaires pour t'envoyer à la mort au lieu de te protéger ? Pourquoi tu refusais toutes les propositions émanant de tes responsables, un peu douteuses, mais elles resteront toujours des propositions !? Il est vrai que tu étais épris d'un sens de justice sans égal. Ta fonction de journaliste d'investigation, tu l'assumais avec courage. Tu bravais la mort quotidiennement pendant que les autres fuyaient l'Algérie et, maintenant de retour, donnent des leçons de bravoure. Zinneddine Aliou Salah, journaliste du quotidien Liberté, je ne cesserai jamais de dire merci pour nous avoir honoré, apporté, éclairé certaines vérités, oui, je sais que tu menais une lutte inégale pour enrayer la corruption, la malversation et que triomphe la justice. Il est vrai que tu n'exigeais rien en retour, mais mille mercis au nom de tes sœurs, frères, neveux et nièces, tu étais le digne représentant d'une Algérie fière. Tu dois te dire qui pourra te remplacer ? Sachant bien de là-haut que certains de tes confrères ont abandonné, préférant le silence. Mais rassure-toi, les enfants de demain seront là, fiers de porter ton prénom et poursuivre ton chemin inachevé. F. ALIOU SALAH ACHRAF