Les deux tendances au sein du conseil national du syndicat, qui a revêtu un caractère extraordinaire, ont rivalisé d'arguments jusqu'au moment où nous mettions sous presse. Le conseil national du Cnapeste, en session ouverte depuis avant-hier lundi à Boumerdès, n'est pas parvenu à trouver une solution à la longue grève déclenchée par le syndicat. Les membres de l'instance délibérante du syndicat étaient divisés entre partisans de la poursuite de la grève, que l'on pourrait désigner par l'aile radicale, et adeptes de l'apaisement. Ces derniers, sans constituer la majorité, ont plaidé, sinon la cessation de la grève, du moins son gel momentanément, le temps de jauger de la sincérité du pouvoir qui, après les radiations, semble être revenu à de meilleurs sentiments en laissant entrouverte la porte pour une réintégration. S'il n'était pas houleux, le conclave du Cnapeste au lycée Frantz-Fanon n'était pas pour autant apaisé. Les deux tendances au sein du conseil national du syndicat, qui a revêtu un caractère extraordinaire, ont rivalisé d'arguments jusqu'au moment où nous mettions sous presse. À tel point que même le porte-parole de l'organisation était incapable de dire laquelle des deux tendances prendrait le dessus. Cela même si, au début du conclave, lundi, le sentiment général était que le syndicat allait maintenir sa protestation. Ce sentiment était d'autant plus ressenti que des membres du conseil national du Cnapeste ont fait de la poursuite du débrayage un leitmotiv. En témoignent les slogans qu'ils ont scandés, tels que"Ni flexion ni soumission, mais la grève est un droit légitime", qui plaident la radicalisation du mouvement. Les rares moments où il s'est rendu disponible pour la sollicitation de la presse, le porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba, s'est contenté de rappeler que le CN est souverain. Il a affirmé en même temps que les travaux allaient se poursuivre jusque tard dans la nuit. Aussi, la décision, si décision il y a, ne pourra être connue qu'aujourd'hui. Le conseil national extraordinaire du Cnapeste est intervenu dans une conjoncture assez dure pour les enseignants grévistes dont beaucoup ont fait l'objet de radiation et pour d'autres pèse encore la menace de l'exclusion. Des mesures coercitives ont été prises par le ministère de l'Education nationale à l'encontre des enseignants grévistes, entre autres la défalcation des salaires et l'annonce, lundi, d'une demande d'enquête des services de sécurité sur les manifestations des écoliers. Les autorités soupçonnent, en effet, des enseignants radiés d'avoir manipulé leurs élèves qui sont sortis dans la rue pour réclamer leur réintégration et dire leur refus des nouveaux enseignants désignés pour les remplacer. En se basant sur la décision de justice qui a statué en référé et a déclaré illégale la grève initiée par le Cnapeste, le ministère de tutelle a engagé des procédures de radiation à l'encontre de 3 816 enseignants. Au même moment, près de 6 000 autres auraient décidé de mettre fin à leur grève suite à une procédure de réhabilitation lancée par le département de Mme Benghabrit. Une démarche pour laquelle le syndicat s'est montré réfractaire. Le porte-parole du Cnapeste n'a pas hésité à parler, pour sa part, de campagne de "désinformation" dont seraient victimes les protestataires, y compris des autres collègues syndicats de l'éducation et d'associations de parents d'élèves, certainement soucieux de faire respecter un autre droit garanti par la loi fondamentale du pays, à savoir le droit à la scolarité des enfants. A. R. [email protected]