Le cancer colorectal constitue le premier type de cancer affectant les hommes (plus de la moitié des cas), après celui du poumon. Plus de 6 500 nouveaux cas de cancer colorectal sont enregistrés en Algérie, rien que durant l'année écoulée (2017). C'est ce qu'a révélé, jeudi dernier, à l'occasion d'une journée de formation sur pathologie, co-organisée par le ministère de la Santé et l'association El-Amel d'aide aux personnes atteintes de cancer du CPMC, le professeur Mokhtar Hamdi-Chérif, chef du service maladies épidémiques du CAC de Sétif et non moins coordinateur du réseau des registres du cancer mis en place dans le cadre du Plan national contre le cancer (PNC 2015-2019). Avec 6 542 cas en 2017, le cancer colorectal constitue le premier type de cancer affectant les hommes (plus de la moitié des cas), après celui du poumon et le deuxième chez la femme après le cancer du sein avec près de 12 000 nouveaux cas durant la même année. Selon le Pr Hamdi-Chérif, le nombre global des cancéreux, tous types confondus, s'élève à plus de 43 000 nouveaux cas par an. Ces nouvelles statistiques faites, notamment, grâce au lancement de la toute première campagne de dépistage du cancer colorectal dans la wilaya de Béjaïa, entre 2015 et 2017, précise le Pr Hamdi-Chérif, démontrent une augmentation sensible du taux d'incidence de cette pathologie estimé à 7% par rapport aux années précédentes. La rencontre de ce jeudi, qui coïncidait avec le lancement de "Mars bleu", Mois mondial de lutte contre le cancer colorectal, célébré pour la première fois en Algérie, a été, par ailleurs, une aubaine pour les spécialistes participants pour interpeller le ministre de la Santé sur la nécessité de "débloquer" le fonds national de lutte contre le cancer, jamais utilisé depuis son établissement vers 2013 ! En effet, les professeurs Kamel Bouzid, chef du service oncologie au Cpmc, et Kamel Layada, chef du service gastro-entérologie de l'hôpital Mustapha-Pacha, ont longuement insisté sur ce fonds pour accompagner les campagnes de sensibilisation et de prévention contre le cancer, mais aussi l'équipement des centres spécialisés, ce qui permettrait une meilleure prise en charge des patients. Le Pr Layada a déploré, à ce titre, un manque flagrant d'appareils utiles au dépistage du cancer colorectal (coloscopes) dans les structures publiques. Ce qui, regrette-t-il, réduit l'accès aux soins pour la majorité des Algériens dont les moyens ne leur permettent pas de se faire soigner dans le secteur privé, de loin mieux équipé que le secteur public. Le Pr Bouzid a, quant à lui, mis l'accent sur l'importance du dépistage précoce, la sensibilisation et la prévention, meilleur moyen, dit-il, de maîtriser la prise en charge des nombreux potentiels cas à diagnostiquer à l'avenir. À ce titre, l'association El-Amel a concocté un riche programme d'activités pour "Mars bleu" dont les journées portes ouvertes au grand public annoncées pour les 10, 17, et 24 mars, successivement à Alger, à Béjaïa et à Batna. La clôture des activités est prévue pour le 31 mars dans la capitale. Farid Abdeladim