Face à cette saignée en bonne et due forme du Trésor public, les autorités ont diligenté une enquête dont les premières conclusions mettent à l'index les médecins du secteur public. Impactées négativement par les départs massifs à la retraite anticipée, les caisses d'assurance de Sécurité sociale font face à un autre problème et qui n'est pas des moindres, à savoir les faux arrêts de travail dont le phénomène a pris, semble-t-il, une certaine ampleur ces dernières années. En effet, le nombre de jours remboursés par les caisses d'assurance dépasse les 14 millions de jours, selon le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali, qui était, hier, l'invité du Forum de la Radio. Le ministre a estimé que ce chiffre, effarant, est induit, selon le ministre du Travail, par les congés de maladie de complaisance délivrés par les médecins dont la majorité exerce dans le secteur public. Face à cette saignée en bonne et due forme du Trésor public, les autorités, selon M. Zemali, ont diligenté une enquête dont les premières conclusions mettent à l'index les médecins du secteur public. "Nous avons mené notre enquête sur une période allant jusqu'à trois ans et nous avons remarqué que certains travailleurs prennent à la même période un congé de maladie et ils sont généralement délivrés par des médecins exerçant dans le secteur public", a-t-il dit, précisant qu'au terme de cette enquête, la justice pourrait être saisie et des remboursements pourraient également être exigés. "C'est un fléau insurmontable qui provoque des pertes considérables pour les caisses", a encore accusé le ministre. Toujours concernant les caisses d'assurance, le ministre du Travail a indiqué que le déficit de la Caisse nationale de retraite (CNR) est évalué à 500 milliards de dinars. Ce qui équivaut, a-t-il précisé, au montant des retraites allouées aux travailleurs ayant choisi la retraite anticipée. Pour le ministre, cette situation est intenable. Il a expliqué que le déficit a fait en sorte que pour assurer la retraite à une seule personne, deux travailleurs devraient cotiser, alors que la norme mondiale est de cinq travailleurs pour un seul retraité, afin d'assurer un équilibre budgétaire. Ce qui n'était pas le cas en Algérie puisque le déséquilibre allait crescendo au fur et à mesure que les départs se faisaient multiples contre un nombre de cotisants en stagnation. Le ministre a souligné, dans ce sens, que la suppression de la retraite anticipée est intervenue afin de maintenir l'équilibre financier des caisses ou du moins le diminuer. À propos des syndicats dont la liste des 65 agréés auprès du ministère de tutelle a été rendue publique au début de cette semaine, Mourad Zemali a indiqué qu'il a été fait obligation à tous les syndicats de "prouver" qu'ils représentent au moins 20% des travailleurs de leur corporation avant la fin du mois en cours. Il a précisé qu'une application informatique permettant de vérifier les données fournies par les différents syndicats est mise sur pied. Concernant les multiples mouvements de grève, il a estimé que faute d'une meilleure compréhension et interprétation de la loi, du côté des tutelles comme du côté des syndicats, la situation s'en est trouvée exacerbée. Sur un autre volet, le ministre a indiqué les dispositifs d'aide à l'emploi de jeunes, le recouvrement des dettes a atteint 84% pour l'Ansej et 60% pour la Cnac. Mohamed Mouloudj