Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale Mourad Zemali est catégorique: «la liste des syndicats publiée la semaine dernière n'est pas une intimidation à l'encontre de certains syndicats, qui ont appelé ces dernières semaines à la grève». Il a affirmé hier lundi au Forum de la radio nationale que 'des personnes ou groupes de personnes, se présentant comme étant responsables de pseudo organisations syndicales, qui n'ont aucune constitution légale, ont appelé ces derniers temps à des mouvements de protestations, et ont même organisé des collectes de fonds auprès des travailleurs''. 'C'est ce qui nous a amené, explique-t-il, à publier la liste des syndicats qui activent dans le cadre de la loi, pour que soit dévoilé qui active conformément à la loi et qui ne l'est pas''. M. Zemali a également démenti 'toutes pressions contre l'action syndicale'', indiquant qu'il y a 102 syndicats agréés en Algérie, dont 36 syndicats d'employeurs et 65 syndicats de travailleurs, alors que le Snateg (Sonelgaz) s'était autodissous. Sur la polémique avec le BIT (bureau international du Travail, dépendant de l'OIT), saisi par des organisations syndicales non reconnues, et qui devait dépêcher une mission de contact direct à Alger fin février, le ministre du Travail a indiqué que le BIT a demandé 'des rencontres avec des ministres, des syndicats et patrons qu'on a acceptées''. 'On leur a écrit, et ils ont demandé de rencontrer deux syndicats non reconnus en Algérie. On leur a dit qu'on ne peut accepter cette requête, car la loi algérienne ne les reconnaît pas''. Pour M. Zemali, 'c'est une question de souveraineté nationale. Ces gens-là sont en permanence chez vous à Genève, pourquoi vouloir alors les rencontrer à Alger'', s'est-il interrogé, avant d'ajouter 'vous voulez leur donner de la légitimité? On ne peut permettre cela''. Par la suite, le BIT a accusé l'Algérie, selon le ministre du Travail, de 'ne pas avoir respecté l'agenda de la visite, prévue le 26 février.'' Les deux organisations syndicales en question sont la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA) et le Syndicat national autonome des travailleurs de l'industrie, de l'électricité et du gaz (SNATEG). Ces deux syndicats avaient déposé une plainte auprès du BIT pour, selon le quotidien Echourouk, 'dénoncer le licenciement de grévistes et les pressions exercées sur les syndicalistes.'' Sur le nouveau code du travail, qui tarde à être promulgué, le ministre a indiqué qu'il est composé de 12 lois, trois décrets exécutifs et 770 articles. 'Tout cela demande du temps et de la concertation avec les partenaires sociaux, notamment par rapport aux changements économiques et financiers, et de l'apport des NTIC dans les relations de travail'', a-t-il ajouté. Selon le ministre, 'le nouveau code du travail ne sera pas au dessus de la Constitution, qui a consacré l'action et les libertés syndicales.'' Il a annoncé que les inspections du Travail seront renforcées et dotées de plus de moyens 'pour gérer les conflits sociaux''. Par ailleurs, le ministre du Travail a brossé une situation déplorable en ce qui concerne l'abus des congés de maladie. Il a indiqué que ses services ont recensé en 2017 près de 14,390 millions de journées de congé de maladie ayant nécessité des indemnités journalières. 'Il faut qu'il y ait une prise de conscience des citoyens, car on a vu que ces congés de maladie sont des faux. Pour moi, c'est un vol'', a-t-il affirmé, estimant que 'prendre un congé de maladie pour aller en excursion avec ses enfants est immoral''. 'Et la même observation est à appliquer pour le médecin qui délivre un tel acte. C'est un vol de tous les Algériens''. Le ministre du Travail a expliqué que 'nous sommes en train d'enquêter sur ces médecins qui délivrent des congés de maladie de complaisance. On ira même jusqu'à la justice et les dénoncer également auprès de l'ordre des médecins'', a-t-il menacé, avant d'annoncer que 'nous allons poursuivre ces médecins en justice, et il y aura même des mesures fermes, on demandera des compensations pour ces journées non travaillées''. Sur les difficultés financières des caisses de sécurité sociale, le ministre a reconnu qu'elles traversent une période difficile, notamment la CNR, dont les cotisations ont été réduites en peu de temps de 5 cotisants pour un retraité à deux cotisants pour un retraité, avec les départs massifs en retraite anticipée de ces dernières années. 'Le montant des allocations de retraite pour ces départs massifs équivaut au déficit actuel de la CNR'', a souligné le ministre, selon lequel ce déficit de la Caisse des retraites est de 500 milliards de DA, soit 'le montant des allocations des départs anticipés'', a-t-il relevé, avant de rappeler que l'Etat a injecté dans le cadre de la loi de Finances 2018 près de 500 mds de dinars 'pour rééquilibrer les finances de la CNR''. Sur le dossier du remboursement des médicaments, dont l'enveloppe est de 200 milliards de DA, avec des 'ordonnances de 5 médicaments'', le ministre a estimé que 'c'est du gaspillage. Il faut arriver à une bonne gestion dans l'utilisation des médicaments, car il faut défendre et préserver cet avantage social.'' Revenant sur le dossier des grèves, le ministre a souligné que ''nous avons informé les partenaires sociaux sur les conditions de l'organisation d'une grève''. En outre, il a appelé les syndicats à confirmer leur représentativité (20%) au sein des organismes employeurs, estimant que 'cela peut aller à la justice si les syndicats n'ont pas respecté la loi, qui impose à tous les syndicats d'annoncer leur représentation au sein des entreprises.'' 'Les syndicats ont jusqu'au 30 mars prochain pour apporter la preuve de leur représentativité de 20% dans les structures professionnelles, pour qu'on leur donne les autorisations. Au delà, ces syndicats n'auront plus le droit d'activer'', a-t-il menacé.