2018, ou l'année des mutations... Deux mois qui ont été sous le signe de l'énorme expansion des produits locaux dans les rayons de nos supermarchés. L'obligation de consommer local suite à l'état économique critique du pays se présente comme la meilleure solution pour nos politiciens afin de sortir l'Algérie de cet état dans lequel elle baigne actuellement. Bien que le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), et Premier ministre, Ahmed OUYAHIA ait affirmé dernièrement à Biskra que « les subventions de l'Etat aux prix des carburants, du lait et du pain ne seront pas levées », le laps de temps pendant lequel la rumeur s'est répandue a ouvert la porte à de nombreuses problématiques dont la suivante : Quelle alternative serait la plus bénéfique pour le peuple et pour l'Etat une fois adoptée ? Dans son rapport en date du 18 avril 2012, la Banque mondiale faisait remarquer qu'en moyenne dans le monde, 20% des plus riches bénéficient six fois plus que 20% des plus pauvres des subventions, recommandant que les programmes d'aide sociale doivent être ciblés de manière à aider les ménages pauvres et vulnérables à y faire face. Avec ce retour à l'inflation, les subventions se présentent comme un moyen de calmer les esprits et d'éviter les remous sociaux. Ainsi, les différentes lois de finances de l'indépendance à 2018, avec un léger redressement lors de l'ajustement structurel de 1994, ont proposé des mesures qui ont pour finalité de pérenniser la politique de l'Etat en matière de subvention des prix des produits de large consommation, encore qu'il n'est pas juste que tout le monde puisse bénéficier de certaines subventions quelle que soit sa situation financière. Ainsi, se pose le problème de l'efficacité de toutes ces subventions sur le producteur local et sur le consommateur final avec le processus inflationniste bien que compressé artificiellement par les subventions du programme de relance économique basé sur la dépense publique donnant des taux fictifs de croissance et de chômage. Outre cette disparité dans l'octroi du soutien de l'Etat, il est à signaler l'opacité dans la gestion de ces programmes. Les surcoûts avec parfois des abandons de projets sont exorbitants estimés entre 20 à 30% pour certains projets, étant des subventions indirectes supportées par le trésor. Comme est posée l'efficacité du programme national du développement agricole (PNDA) qui a nécessité des dizaines de milliards de dollars (aucun bilan à ce jour) et l'effacement de la dette des agriculteurs sur la productivité agricole. Avec la baisse des revenus des hydrocarbures, l'Etat se voit obligé de trouver une nouvelle alternative. Les subventions ne peuvent plus servir de moyen pour endormir et le garder de son côté. La vraie solution serait l'adoption des énergies renouvelables. Bien que cela reste trop beau pour être vrai, cette proposition longuement écartée par nos responsables demeure l'unique façon d'empêcher un divorce Etat-citoyen d'autant plus que le système économique actuel renforce avec l'austérité la marge séparant ceux qui en souffrent et ceux qui ne sont pas touchés par les nouvelles politiques. Le gouvernement ne cache pas quant à lui son envie de mettre en place des subventions ciblées pour réduire la facture des aides et faire bénéficier ceux qui en ont réellement besoin. Néanmoins, les risques d'explosion sociale restent toujours posés et c'est ce que montre la dernière intervention du premier ministre algérien et son désaveu à l'égard de la suppression des subventions de l'essence. Pour clore le sujet, il serait nécessaire de noter que l'Etat algérien est bien dans une impasse. L'instauration de subventions ciblées s'annonce plus qu'urgente afin de minimiser les dépenses auxquelles il doit faire face. Anes LAZRI Partenariat Réd-DIG-"Liberté" (#RDL)/CAP (EN Polytechnique)