Depuis août 2004, les habitants ont rompu avec la quiétude dont se prévalait cette cité résidentielle. Une décision de réalisation d'une coopérative immobilière est à l'origine d'un conflit dans lequel les deux parties sont déterminées à aller jusqu'au bout. M. Bouchenafa, cadre à la Sonelgaz, est le président de l'association de quartier les Anassers IV. Sur les lieux, il fulmine en nous montrant le massacre opéré par les travaux de terrassement d'une coopérative immobilière qui a lancé un projet de construction de 60 logements en duplex confié à la Sarl Egetraba, comme le confirme le panneau descriptif où est mentionné également le permis de construire n°01/03 du 22/12/2003. Son voisin, M. Saâdallah, explique que depuis neuf mois, les locataires subissent des désagréments causés par la noria des camions qui soulèvent des nuages de poussière à leur passage. “Notre intimité est quotidiennement violée. Les camions traversent la cité de bout en bout en créant un passage à partir de la route principale”, dira-t-il. Il ajoutera que l'affaire a été portée une première fois à l'attention des autorités locales qui avaient ordonné l'arrêt des travaux. Une trêve de dix jours a été observée, mais ces derniers ont aussitôt repris. L'affaire est actuellement devant la justice et les plaignants demandent l'arrêt immédiat desdits travaux. Sur place les choses se passent autrement et les ouvriers ne se soucient aucunement de ce qui se déroule autour d'eux. Bien au contraire, les engins et les camions fonctionnent à une cadence soutenue. Le petit massif forestier qui surplombe le ravin de la Femme sauvage est en partie dégarni. Les services des forêts auraient, selon les locataires, vivement protesté contre de tels actes. L'on saura toutefois que l'abattage des arbres s'est produit bien avant le lancement des travaux. C'est du moins ce qu'affirme le wali délégué de la circonscription administrative de Hussein Dey, M. Aboubakr Seddik Bousetta. Les représentants de l'association de quartier dénoncent d'autres dépassements commis par la coopérative incriminée, à savoir une clôture défoncée qui séparait la cité de la petite forêt. Cette dernière est la frontière naturelle entre les communes de Kouba et d'El-Madania. Ils expliquent que le terrain “spolié” par la coopérative était en voie d'aménagement pour servir de terrain de sport et d'aire de détente pour les habitants de la cité. “Il y a une forte densité humaine dans ce quartier et notre seul lieu de détente nous a été enlevé au mépris de la loi. Nous ne baisserons pas les bras devant une telle hogra, quitte à verser notre sang”, diront certains. Du côté de l'APC, nous avons un autre son de cloche. Le maire, M. Mohamed Nabi, précise que la coopérative immobilière Bordj Essahel (Cibes) existe dans le plan d'occupation du sol (POS). Il confirme, par là même, que cette dernière possède tous les documents justifiant sa légalité. “C'est vrai qu'à l'époque, j'ai personnellement intervenu quand les coopérateurs n'avaient pas tous les documents exigés par la réglementation. À présent, le dossier afférent à cette affaire ne souffre d'aucune anomalie. Je ne vois pas de quelle manière je pourrai intervenir dans une situation qui revêt un caractère légal au regard de la réglementation. Cette coopérative possède un certificat délivré par le service de l'urbanisme. Même la liste des attributaires y figure pour être conforme à la circulaire 105 du wali d'Alger”, tranche-t-il. Le wali délégué de Hussein Dey est du même avis. Il fera noter que le souci majeur des institutions de l'Etat est de veiller à l'application de la réglementation. “Du moment que la constitution de cette coopérative répond aux exigences réglementaires, nous n'avons aucun droit d'interdire les travaux entrepris. Nos prérogatives s'arrêtent à ce niveau”, déclare M. Bousetta. Les locataires de la cité des Anassers IV ne l'entendent pas de cette oreille. Ils comptent aller jusqu'au bout dans une affaire dans laquelle ils s'estiment lésés. A. F.