La rencontre de ce samedi a tourné à l'éloge des réalisations du président Bouteflika durant ses vingt ans de pouvoir ; réalisations qu'il est souhaitable, selon Ould Abbes, de prolonger. Et d'esquisser une feuille de route 2020-2030 pour le Président, assortie d'un programme pour le 5e mandat. Réunis samedi à Alger, les mouhafedhs du FLN ont appelé, implicitement, le président Bouteflika à poursuivre son programme de réalisation en lui apportant leur infaillible et solide soutien pour la mise en œuvre de sa nouvelle feuille de route 2020-2030. L'initiative revient au secrétaire général du parti, Djamel Ould Abbes, qui sort cette carte inattendue, lui qui est attendu devant la session du comité central qui s'annonce houleuse. Et pour cause : Ould Abbes a, depuis que son prédécesseur Amar Saâdani a été débarqué de la tête du parti, multiplié les erreurs et sa stratégie de rassembleur a produit des effets contraires. D'où ces sorties des rangs et ces voix contestataires remettant en cause sa gestion du parti. Début de la bataille, mai 2017, l'avant et l'après-élections législatives où Ould Abbes a réussi tant bien que mal à négocier les conséquences de la contestation, la proximité des élections locales aidant. Les résultats ont grossi la vague des mécontents, certains étant allés jusqu'à réclamer son départ. Les locales ont fini par faire monter la fièvre jusqu'au sommet du parti. Et Ould Abbes est, à partir de là, ouvertement contesté. Recul du parti en nombre de sièges dans ces élections et gestion solitaire du parti sont les principaux griefs retenus contre lui. Il est resté imperturbable, ayant certainement pris goût au poste. Les prétendants commencent à manœuvrer, à afficher leurs ambitions. Jusqu'à la fameuse initiative du député d'Annaba, Tliba, de constituer une coordination pour le 5e mandat au président de la République, qui est immédiatement soupçonné de rouler pour un camp dans le parti dans le but de destituer Ould Abbes. La commission de discipline, en berne depuis des années, est réactivée à cette occasion pour sévir et asséner la leçon à apprendre pour les éventuels adversaires. Parce qu'il avait donné ordre de ne jamais évoquer le 5e mandat. Il s'est finalement avéré qu'il voulait en faire un ticket personnel pour rester à la tête du parti au moins jusqu'en 2019. Année de la tenue de la présidentielle. Aussi ne met-il aucune forme pour enfourcher la monture du 5e mandat en mettant en ordre de combat la cavalerie surprise des mouhafedhs, qui ont, en bons disciples, applaudi le projet du chef du moment. Pour les contestataires, il a fait cette subtile concession de reporter le passage des convoqués devant la commission de discipline en raison de l'absence de son président. La rencontre de samedi a tourné à l'éloge des réalisations du président Bouteflika durant ses vingt ans de pouvoir ; réalisations qu'il est souhaitable, selon Ould Abbes, de prolonger. Et d'esquisser une feuille de route décennale, 2020-2030, pour le Président, assortie d'un programme pour le 5e mandat. Offre-t-il ainsi le soutien du parti, du moins le sien et celui des 150 membres du CC présents à la rencontre. Et sans la moindre précaution d'emballer l'offre "au conditionnel". En étant si affirmatif, Ould Abbes envoie le message aux prétendants à sa succession, d'une part, et aux potentiels candidats à la présidentielle, dont d'anciens responsables du parti, d'autre part. Les autres sont, selon lui, "des fantômes qui apparaissent tous les cinq ans", donc sans poids concurrentiel. Un propos qui remet la balle au centre "du FLN", la question étant, vu la tournure de la manœuvre, strictement interne. Parce que comme il l'avait dit auparavant, le prochain président sera du FLN. Paradoxalement, là où les partis de l'alliance ou soutenant le président Bouteflika réitèrent leur position "s'il décidait de se représenter" pour un autre mandat, Ould Abbes se met d'ores et déjà dans cette perspective et s'installe dans la certitude. Une certitude qui est là, en vérité, que pour faire taire ses adversaires du moment, à savoir les prétendants à sa succession et les membres du CC qui le contestent. L'amèneront-ils, d'ailleurs, à ajouter le bilan de sa gestion du parti à l'ordre du jour de la session du CC ? Djilali B.