"Les prétendants et les ambitieux peuvent attendre 2020 (tenue du congrès du parti) ou 2022 (élections législatives)", a déclaré, en substance, Djamel Ould Abbes, secrétaire général du parti, hier à Alger, lors d'une rencontre avec les secrétaires de mouhafadhas élargie aux élus. Il ne prononcera pas "la sentence" du 5e mandat qu'il a laissée au soin des présents, tous invités à donner leur avis dans cette rencontre, qu'il a qualifiée de "décisive". Parce que, a-t-il justifié, "nous allons passer à une autre étape". Etape qui s'inscrit, évoquera-t-il plus loin, dans la continuité des réalisations du Président pendant ses vingt ans à la tête de l'Etat. Des réalisations constituant, selon lui, "l'infrastructure du futur". Un futur qui fait l'objet d'une nouvelle feuille de route... du président Bouteflika. Une feuille de route qui s'étalera de 2022 — fin du 5e mandat — jusqu'en 2030. Et devant ce chemin balisé, Ould Abbes, dans une cinglante réplique à ses adversaires au sein du FLN, intime "aux ambitieux et aux cupides" d'attendre 2022, et de ne pas compter sur le FLN. "Nous nous préparons pour la prochaine étape. Il y a beaucoup d'ambitieux, mais aussi beaucoup de cupides qui se disent du FLN", dit-il en appuyant que "la présidentielle n'est pas un bien vacant" et que "le FLN ne se vend pas et ne se loue pas". Et de décocher une flèche à "ceux qui salissent l'image du pays, et qui ont échoué" et "ces fantômes qui reviennent tous les cinq ans". D'aucuns ont été surpris par la précipitation d'Ould Abbes à aborder la question de 2019, lui qui a interdit aux militants du parti de l'évoquer, allant jusqu'à traduire devant la commission de discipline le député d'Annaba, Baha-Eddine Tliba, lorsqu'il a lancé l'initiative de la coordination pour le 5e mandat au président Bouteflika. De plus, laissant le comité central, instance délibératoire entre deux congrès, en marge, lui préférant les mouhafedhs et des élus pour adopter une "option décisive". Il puisera ses arguments dans la symbolique historique du mois de mars 1833 jusqu'au 19 mars 1962. Cela alors que la session du CC a été reportée. Une session qui, selon lui, sera organique et consacrée à la préparation de 2019. Donc la présidentielle. Et où sera présenté dans le détail le bilan des 20 ans de règne du président Bouteflika ; bilan par secteur et par wilaya dont l'élaboration a été confiée, voici deux mois, aux mouhafedhs. Jusque-là, seuls 42 dossiers (bilans des wilayas) ont été achevés ; d'où le pretexte d'Ould Abbes de reporter la session du CC. Cette session du CC, dont la date n'a pas été fixée, aura donc à son menu ce bilan qui sera sanctionné, selon Ould Abbes, par un rapport qui sera remis au président de la République. Avec cette rencontre "décisive", le secrétaire général du FLN rattrape le coup, devance et prend de court ses adversaires. Et, du coup, étouffe les ardeurs des opposants internes qui réclament sa tête en se couvrant du parapluie du soutien au président de la République en rééditant 1998 lorsque le FLN a été le premier à soutenir sa candidature à la présidentielle de 1999. La rencontre d'hier a été l'occasion de mettre de son côté une partie des membres du CC, devançant, ainsi, les manœuvres ou les prévisions des autres, notamment ceux qui veulent le débarquer à cette occasion. Djilali B.