Résumé : Anissa découvre que son mari était un être cultivé mais rustre. Son esprit rétrograde et son point de vue sur les femmes actives n'était pas pour la rassurer. Il lui conseille de rejoindre sa mère dans la cuisine, et elle se proposera de faire manger la grand-mère Nafissa. La vieille Zahia remplit un bol de soupe et le tendit à sa belle-fille : -Fais-la manger à la petite cuillère, et assure-toi qu'elle avale bien. Parfois, elle fait fausse route et s'étrangle. Anissa prend le bol et se rend dans la chambre de la vieille grand-mère qui était allongée sur sa banquette et fixait le plafond de ses yeux morts. La jeune femme s'approche tout doucement d'elle : -Bonsoir grand-mère, je suis Anissa. Je viens te faire manger. Une main émerge sous les couvertures, et la vieille femme, tout comme la veille, se met à toucher le visage et les bras de la jeune femme : -Ah ! C'est donc toi la nouvelle mariée. On m'avait dit que tu étais très belle. Rappelle-moi donc ton nom. -Anissa, attends, laisse-moi t'aider à te mettre plus à l'aise. Elle arrange les oreillers derrière le dos de la vieille femme, qui se redresse et demande : -Tu me ramènes encore cette soupe immangeable que me prépare quotidiennement Zahia ? -Heu... je pense que c'est le seul repas que ton estomac peut supporter. -Des foutaises tout ça. On trouve toujours des arguments pour justifier ses bêtises. Elle se remet à toucher les bras de la jeune femme et chuchote : -Je rêve de mordre dans un bon croûton de pain bien frais. -Je crois que Yemma Zahia en a mis un peu dans ta soupe pour le déjeuner. -Oui... mais je n'aime pas la soupe. J'aimerais mordre crûment dans du pain frais et sans soupe, juste du pain. Ne pourras-tu pas m'en donner un peu, ma chère fille ? Anissa ne sait quoi répondre. La vieille femme portait bien un dentier. Elle pouvait donc mâcher un peu de pain et quelques aliments plus consistants que cette soupe. -Grand-mère, je vais voir ce que je pourrais faire pour toi. Je suis encore une nouvelle venue dans cette maison, mais je te promets de te donner du pain frais bientôt. Je vais même te préparer quelques légumes à la vapeur, que tu pourras mâcher tout doucement. -Ah ! Enfin quelqu'un qui me comprend, s'écrie la vieille femme, qui en somme semblait avoir toute sa tête. -Allez... maintenant, avale un peu de soupe, et si tu veux, je te réchaufferais plus tard un peu de lait pour avaler tes médicaments. -Que Dieu te bénisse ma fille. Zahia est tellement occupée par les autres, qu'elle ne me prépare que cette soupe infecte qui me soulève le cœur. -Nous allons bientôt arranger ça. Allez... fais-moi donc plaisir et avale ta soupe pour ce soir. Aussi curieux que cela puisse paraître, la vieille femme avale docilement sa soupe, jusqu'à la dernière goutte. Anissa lui essuie la bouche et retourne dans la cuisine. Sa belle-mère Zahia s'était retirée au salon, et discutait à haute voix avec son mari qui regardait la télé. Mourad était encore dans sa chambre. La jeune femme ouvre le réfrigérateur et prend du lait, qu'elle verse dans une casserole pour le réchauffer. Elle remplit une tasse, et se dirige vers la chambre de la vieille femme qui s'était assoupie. Zahia avait déposé deux comprimés dans une soucoupe sur la table basse, sur laquelle trônait une bouteille d'eau et un verre. Anissa dépose sa tasse et prend les comprimés : -Allez, grand-mère Nafissa, il est temps de prendre tes médicaments. (À SUIVRE) Y. H.