La fête du printemps "Thafsouth", célébrée chaque année par les habitants de la région de Menaâ, s'est répandue, et est organisée aujourd'hui dans plusieurs villages, dechras, douars et villes du grand Aurès. "Thafsouth" (printemps) au pluriel Thifsouine, n'est pas seulement une fête qu'on célèbre le temps d'une saison, ce sont un rituel et une pratique ancestraux qui représentent un ciment social et une occasion de partager et d'échanger entre les habitants. Pour cette saison, les préparatifs ont commencé il y a plus d'une semaine par les habitants de Menaâ qui recevront des invités venus des quatre coins des Aurès. Ces invités sont, pour la plupart, depuis quelques années, des citoyens des wilayas limitrophes qui font le déplacement pour prendre part à la fête. Pour la prise en charge des participants, ce sont tous les habitants qui y contribuent, à travers la préparation du couscous, de galettes, et les incontournables mets sucrés "braj et ziraoui". Outre la restauration, les invités sont hébergés et pris en charge, nous disent les organisateurs. Pour rappel, c'est dans l'ancien Menaâ où avait séjourné l'anthropologue Germaine Tillion, que les visiteurs aiment se rendre pour voir les anciennes constructions en terre. Cependant, les militants du mouvement associatif estiment qu'il est grand temps de protéger les lieux, de tracer un périmètre, de réaliser un relevé topographique... Ce cri est légitime, estiment des visiteurs avertis, conscients des dangers qui guettent l'ancienne dechra, notamment les démolitions, éboulements, l'introduction de nouveaux matériaux. Selon le guide Aksel, la meilleure manière de faire perdurer l'authenticité des lieux est que "Tahfsouth" garde son aspect festif mais "il est de notre devoir de tirer la sonnette d'alarme, avant qu'il ne soit trop tard". Pour revenir aux festivités, les premiers cavaliers ont fait leur apparition sous les youyous des femmes qui se sont installées sur les terrasses où des tapisont été placés, une pratique pour recevoir le printemps. Les troupes traditionnelles se sont installées sur la place des fêtes de la ville, pour pouvoir donner leur spectacle où les citoyens s'invitent à la danse doucement mais sûrement. Baroud à volonté à faire trembler la terre sous les pieds des fêtards. Un terrain a été réservé, et comme de coutume, à la partie de hakourth (un jeu similaire au hockey qui se joue sur terre) où deux équipes se sont donné la réplique à la grande joie d'un public nombreux. À noter que les responsables locaux du tourisme promettent la prise en charge et le financement pour que ces jeux et traditions ne meurent pas et ce, tout en rendant hommage aux habitants et plus particulièrement aux anciens qui ont su transmettre ce legs inestimable. H. TAYAB