Qui dit vacances, dit voyage. Et il est très commun, que l'on opte tous pour la même destination. Il faut dire que le marketing touristique et le succès des compagnies aériennes low-cost en sont responsables. Et pour cause, les salariés prennent des congés à la même période, et se ruent tous sur un seul et même endroit du globe à la recherche de détente ou d'aventures en des lieux paradisiaques. C'est ce que l'on appelle le tourisme de masse, une concentration massive de touristes à un endroit précis. Et pourtant, trop touristes, tue le tourisme. Manifestations, vandalisme et hostilité de la part des habitants des destinations convoitées en témoignent. Une sorte de phobie du tourisme qui pousse à se demander quels sont les réels inconvénients de ce phénomène. Ressources naturelles en péril A l'heure où le réchauffement climatique ne cesse de prendre du terrain, et ce, à l'échelle planétaire. L'une des principales préoccupations qui résulte du tourisme de masse est avant tout : L'hyper-utilisation de l'eau douce, qui se consomme en abondance en période de vacances. « Voyageons Autrement », un site web qui encourage le tourisme « responsable », affirme que près de 400L d'eau par jour sont utilisées par les touristes, sans compter les autres ressources naturelles minérales et plus particulièrement, les forêts victimes des diverses constructions destinées aux nouvelles routes et complexes hôteliers qui prennent de l'ampleur au même titre que le développement touristique.
Evidemment, quand on parle de déforestation et de réchauffement climatique, on ne peut qu'évoquer le phénomène de pollution qui s'ajoute sans peine à la pille interminable des effets néfastes du tourisme de masse. Présente sous toutes ses formes, aussi bien sonore qu'urbaine et atmosphérique. A Ibiza, les résidents en arrivent à fuir leur ville en quête de calme et de sérénité, deux choses qui se font rares avec toutes les fêtes et les festivals que se concentrent en ce lieu. Et comme toute industrie, le tourisme est l'une des sources majeures d'émission de gaz à effet de serre que l'on peut expliquer par sa contribution à 60% du trafic aérien.
Citons également les milieux riches en biodiversités, très convoités par les touristes mais toutefois très vulnérables face aux changements causés par la sur-construction. Les zones littorales, à titre d'exemple, sont fortement fragilisées. En effet, selon le Programme des Nations Unies pour L'Environnement, 90 pays parmi les 109 possédants des récifs coralliens sont endommagés par les déchets jetés par les touristes. Une succession de conséquences environnementales désastreuses qui susciteront le mécontentement de bon nombre d'écologistes sans compter les habitants des régions visitées qui lutteront contre l'invasion touristique.
Un bouleversement sociétal L'une des répercutions sociétales les plus flagrantes que l'on peut associer à la montée incontrôlable du tourisme, se résume à l'appropriation de quartiers populaires défavorisés, par une population plus aisée. Un phénomène auquel on revoit le terme d ' « embourgeoisement ». Cela entraîne une hausse considérable du prix du loyer et une étonnante saturation quant à la répartition des occupants d'une région donnée. Par exemple, à Barcelone, on peut remarquer une distribution disproportionnée de la population en période estivale, avec 1,7 millions d'habitants, face à 27 millions de touristes. Le creusement des inégalités se ressent aussi par la disparité nord/sud, prenons seulement l'exemple du tourisme local, lorsque le nord algérien fourmille de touristes en été, alors que le sud, quant à lui, demeure désert au sens propre et figuré.
Nous pouvons aussi évoquer les pratiques qui visent à donner un caractère folklorique à différentes cultures. Cela peut se montrer comme étant une menace à l'évolution et au développement d'un pays, car on lui associe une image refaite et bourrée de stéréotypes. Nous pouvons citer l'exemple du Mexique, ou de certains pays sud-africains auxquels on associe chants, danses et pratiques curieuses exposées sous les yeux ébahis de touristes à la recherche de divertissements. À force de vouloir faire découvrir des traditions et autres coutumes ancestrales aux touristes, en leur exposant des mises en scènes qui ne reflètent en rien la réalité des populations locales, c'est l'identité même de cette population qui en est victime, et ce, au profit d'un amusement recherché par la pratique du tourisme. En d'autres termes, à trop marchander avec la culture, on finit par la dévaloriser.
Enfin, une dernière cause, qui n'en est pas des moindres : Le tourisme sexuel. Il s'agit là, d'un regroupement d'individus qui voyagent dans le seul but d'avoir des relations sexuelles avec des autochtones. Cette forme de tourisme contemporaine encourage, et fait même monter en flèche les réseaux de prostitution en période de vacances. Bien que banalisé dans certains pays tels que la Thaïlande, les Philippines ou même le Maroc, cette pratique peut être qualifiée d'illicite et redouble de perversion, étant bien trop souvent liée avec la prostitution de mineurs. Ajoutons à cela, que de telles pratiques contribuent de manière significative à la propagation de maladies sexuellement transmissibles. Quand pédophilie et virus y sont impliqués, il y a de quoi s'inquiéter.
Vers un tourisme modéré
Le tourisme, est un moyen de partage et d'enrichissement caractérisé par les échanges interculturels. Il contribue à la dynamisation des régions et permet même de redresser l'économie d'un pays et de créer des emplois pour ses habitants. Ça serait donc insensé d'arrêter toute forme de tourisme par faute d'exploitation démesurée. La solution serait simplement de revoir les priorités en termes d'avantages recherchés et faire en sorte que cette expérience soit aussi bien profitable pour les touristes que pour les habitants. Le flux de touristes devra être limité, les agences de voyages auront donc pour mission de réguler la venue des visiteurs, et les projets de constructions qui leur sont destinés devront être minutieusement contrôlés. A Venise, par exemple, il est désormais interdit d'ouvrir des fast-foods pour ne pas asphyxier le paysage de magasins. Et pour éviter toute dégradation des sites visités, des mesures sécuritaires et de contrôle doivent être établies. Comme en Italie, où les « Cinque Terre » sont limitées d'accès depuis 2016. Rania CHAIB Partenariat Réd-DIG-"Liberté"(#RDL)/Soleil HEC