Représentant le président de la République aux travaux du Sommet extraordinaire de l'Union africaine (UA) consacré au lancement officiel de la Zone de libre-échange continentale (Zlec), le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé, mercredi à Kigali, que l'Algérie avait reporté la signature du Protocole de libre circulation des personnes. Ce report a été justifié, selon le Premier ministre, par le fait de ne pas ouvrir la voie à la migration clandestine. Dans une déclaration à la presse en marge de ce sommet, le Premier ministre a fait savoir que "l'Algérie a reporté la signature du Protocole de libre circulation des personnes pour ne pas ouvrir la voie à la migration clandestine, même si elle s'est engagée à aider les réfugiés se trouvant sur ses territoires, pour des considérations humanitaires". Ahmed Ouyahia a, en outre, attribué le report de la signature par l'Algérie du protocole en question par la nécessité de l'expliquer davantage à l'opinion publique algérienne. Il a, par ailleurs, averti que "même signée, cela ne veut aucunement sous-entendre que nous allons tolérer la migration clandestine". Soumise à la pression du transit des migrants irréguliers qui cherchent à gagner l'Europe, l'Algérie fait face à une montée de la migration clandestine qui se fait de plus en plus importante. L'accélération des mouvements de population de la région subsaharienne est une réalité, et ce phénomène prend de plus en plus d'ampleur dans le pays. L'Algérie, pays traditionnel d'émigration, est devenue une destination pour les migrants clandestins avec des dizaines de milliers de migrants subsahariens qui se sont installés sur son territoire, incapables de poursuivre leur voyage vers le nord. Si les autorités ont décidé d'expulser des centaines d'entre eux depuis l'automne dernier, l'opération a été dénoncée, dernièrement, par deux organisations internationales dont Amnesty International de défense des droits de l'Homme. À travers le report de la signature du protocole, l'Algérie semble faire savoir qu'il est inopportun de le faire actuellement, alors que le pays s'est engagé dans un processus de lutte contre la migration clandestine. Il faut dire que cette réticence à signer le protocole sur la libre circulation des personnes n'est pas le propre de l'Algérie. En effet, si 44 pays ont signé l'Accord de libre-échange continental et 47 la Déclaration de Kigali, seuls 30 pays ont approuvé le protocole d'accord sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et le droit d'établissement. À y voir de plus près, la principale remarque est que les pays du Maghreb et l'Egypte n'approuvent pas l'accord sur la libre circulation des personnes. Saïd Smati