Le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) a conclu hier un accord avec la coalition de droite/extrême droite pour faire élire l'un des siens à la présidence de la Chambre des députés, en votant en échange pour une proche de Silvio Berlusconi au Sénat. Roberto Fico, 43 ans, un orthodoxe du M5S, a été élu avec 422 voix sur 620 votants et Elisabetta Alberti Casellati, 71 ans, une avocate qui avait rejoint M. Berlusconi dès l'entrée en politique du magnat des médias en 1994, a recueilli 240 voix sur les 319 votants. Cette ouverture du M5S aux négociations avec les représentants de la vieille classe politique, de même que les failles béantes mises au jour cette semaine au sein de la coalition de droite, laissent tout un faisceau de possibilités lors des consultations en vue du futur gouvernement, qui doivent s'ouvrir début avril. La coalition de droite, arrivée en tête avec 37% et désormais dominée par la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, et le M5S, devenu le premier parti du pays avec 32% sous l'égide de Luigi Di Maio, revendiquent le pouvoir. Aucun camp n'a de majorité au Parlement et pour l'instant, ils se disent simplement prêts à discuter avec quiconque serait disposé à adopter leur programme, tandis que le Parti démocrate (PD, centre gauche) refuse de servir de "béquille" à qui que ce soit. Après deux ou trois tours dominés par les votes blancs vendredi, il n'a fallu qu'un seul vote samedi au Sénat comme à la Chambre des députés. Le chapitre suivant sera le gouvernement: "un casse-tête encore plus complexe, dominé par le soupçon que l'alliance en gestation entre le M5S et la Ligue ne vise pas la stabilité mais, de nouveau, les urnes", soulignait samedi le Corriere della Sera, premier quotidien du pays. Les élections législatives du 4 mars ont constitué un choc électoral profond en Italie, avec la victoire des forces antisystème et d'extrême droite, pour l'instant divisées. Après avoir affirmé qu'aucune alliance n'était possible entre eux, MM. Salvini et Di Maio ont cependant montré cette semaine que la communication fonctionnait entre eux, au grand dam de M. Berlusconi. L'une des hypothèses pourrait être un accord provisoire entre la Ligue et le M5S le temps d'adopter une réforme électorale en vue de nouvelles élections dès l'automne. R. I./Agences