Le mouvement de protestation des médecins est parti pour se durcir davantage, puisque la tutelle ne manifeste aucune volonté réelle de satisfaire leurs revendications. Les médecins spécialistes de la santé publique ont observé, hier, le premier jour de la grève nationale cyclique de deux jours à laquelle a appelé le Collectif des médecins spécialistes algériens (Casra). Le mouvement a été largement suivi dans des établissements hospitaliers où des services minimums ont été assurés. Les malades, venus de loin, et qui avaient rendez-vous, ont été pris en charge. L'action du Casra, un collectif non encore agréé, est motivée par une plateforme de revendications, notamment le droit syndical, la révision de la nouvelle loi sur la santé ainsi que le statut particulier des médecins spécialistes. Au CHU Mustapha-Pacha, la grève du Casra a eu lieu pendant que d'autres médecins, internes, résidents et spécialistes menaient une action de protestation solidaire. En effet, la vaste cour de l'hôpital Mustapha-Pacha a été, une nouvelle fois, hier, le théâtre d'un imposant sit-in, suivi d'une marche à l'intérieur de l'enceinte, à l'appel, cette fois-ci, du Collectif autonome des internes en médecine algériens (Caima), soit le cycle qui précède le résidanat dont les inscrits observent un mouvement de contestation qui dure depuis la mi-novembre 2017. L'action des internes (étudiants en dernière année de médecine générale), dont les revendications sont identiques à celles de leurs aînés, les médecins résidents, mais aussi à celles des maîtres assistants (les spécialistes), n'a pas manqué ainsi de drainer plusieurs dizaines de blouses blanches parmi les affiliés, respectivement, au Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) et au Collectif autonome des médecins spécialistes algériens (Camsa). Cette action intervient, en outre, au lendemain de la publication par le ministère de la Santé des propositions faites aux médecins résidents. Des propositions qu'ils rejettent globalement et dans le détail. D'où, certainement, la participation massive à cette action de protestation. Le rassemblement s'est déroulé dans le calme, malgré la présence d'un important dispositif de sécurité. Les internes, qui n'ont qu'une année scolaire à terminer et un examen à passer pour être médecins résidents, partagent naturellement avec ces derniers aussi bien les revendications relatives à l'abrogation du caractère obligatoire du service civil, l'exemption des médecins âgés de plus de 30 ans du Service national que celle relative au statut de résidents. D'où le soutien qu'ils apportent aux résidents. Un soutien réaffirmé, au demeurant, hier, quoiqu'ils aient trimé durant la longue grève des résidents, puisqu'ils ont dû assumer les tâches incombant à ces derniers, malgré leur statut d'étudiant. En potentiels futurs spécialistes, ils soutiennent, par ailleurs, les revendications des maîtres assistants affiliés au Camsa. Celles-ci consistent, entre autres, en la révision du statut des spécialistes, l'amélioration des conditions de travail. Les mêmes spécialistes du Camsa, syndicat fraîchement créé, qui se démarque de l'ancien syndicat de la corporation, à savoir le Snpssp de Mohamed Yousfi, réclament, en outre, leur participation à la confection de la prochaine loi sur la santé. Tout comme les internes, les maîtres assistants soutiennent également la grève des résidents, au nombre de 15 000, ayant "déserté", depuis plus de 4 mois, l'ensemble des services spécialisés des structures sanitaires publiques à travers le territoire national. Le mouvement de protestation des médecins, notamment des trois catégories sus-citées, est parti pour se durcir davantage, puisque la tutelle ne manifeste aucune volonté réelle de satisfaire leurs revendications. C'est, du moins, ce que laisse entendre le Dr Hamza Bentaleb, porte-parole du Camra, qui rejette "en bloc" les propositions rendues publiques par le ministère de la Santé. "Ce que propose le ministère est loin de répondre à nos revendications. Nous regrettons que les autorités ne cherchent qu'à faire essouffler notre mouvement, alors qu'elles se doivent de nous écouter et de régler définitivement l'ensemble des problèmes. Mais, elles doivent savoir que nous restons solidaires et sommes plus que jamais déterminés à aller au bout de notre mouvement qui ne s'arrêtera qu'à la satisfaction de nos revendications", a averti le porte-parole du Camra qui n'écarte pas le recours à d'autres actions encore plus radicales. Les résidents, faut-il le rappeler, poursuivent leur boycott à "100%" de la session de l'examen du diplôme d'études médicales spécialisés (Dems) et observent un arrêt de travail quotidien entre 8h et 16h. Farid Abdeladim