Résumé : Les trois sœurs se réunirent dans la chambre de Farida, et ses aînées l'exhortèrent à prendre rapidement une décision pour fixer la date de son mariage. Elles la sermonnèrent tellement qu'elle criera gare et promettra de prendre une décision dans les prochains jours. Un peu plus rassurée sur le sort de leur jeune sœur, ses aînées changent de sujet. Nassima prépare un thé et vient les servir. Elles grignotent quelques gâteaux secs et entament d'autres sujets de discussion. La journée était bien avancée lorsqu'elles se quittèrent en se promettant de rester en contact. Les sœurs sont faites pour être unies et pour s'entraider, n'est-ce pas la meilleure faveur que la nature leur accorde ? Le lendemain, après une grasse matinée, Farida s'habille et prend son sac. Elle avait prévu de se rendre tout d'abord chez sa coiffeuse, puis de faire quelques menues courses dans des magasins de cosmétiques. Elle avait tenté de joindre Merouane pour lui proposer de faire une promenade au bord de la mer, mais ce dernier avait éteint son portable. Pourquoi ? Elle s'était mordu les lèvres, car la réponse venait d'elle-même. Il lui en voulait encore, et le lui montrait sans fard. Elle se promet de le rappeler dès son retour à la maison. S'il persiste à lui faire la tête, elle se rendra le lendemain à son boulot et lui tiendra un autre langage. Elle aussi savait se mettre en colère et le bouder, n'est-ce pas qu'ils ont un sale caractère tous les deux ! Elle rit. C'est peut-être aussi cela qui les avait rapprochés. Son sac en bandoulière, elle allait quitter la maison, lorsque sa mère la hèle sur le pas de la cuisine. -Tu sors, Farida ? -Oui, maman, tu as besoin de quelque chose ? -Non, mais... Attends un peu. Elle prend son porte-monnaie sur le frigidaire et en retire quelques billets. -Tu seras gentille de payer le poissonnier. Hier, lorsque je lui ai commandé ces crevettes, il n'avait pas de monnaie. Alors il m'a suggéré de payer plus tard. -OK. Mais garde ton argent, je vais le payer moi-même. La cité grouillait de monde à cette heure de la journée. Le quartier se situait un peu à l'écart de la ville, néanmoins un incessant va-et-vient de véhicules le rendait bruyant à longueur de journée. Mitoyen d'une zone commerciale, le lieu n'était pas dépourvu de commodités : grande surface, boucher, boulanger, pharmacie, etc., ce qui permettait aux riverains de s'approvisionner sans trop de mal, et surtout sans avoir à se déplacer loin de leur lieu de résidence. Farida repère la poissonnerie du coin de la rue. Sa mère connaissait tous les commerçants, mais elle, pratiquement personne, si on exceptait le boulanger, chez qui elle se rendait tous les matins, avant de se rendre au bureau, pour acheter du pain frais et des croissants. Elle s'arrête devant la devanture du poissonnier et remarque qu'un jeune homme était occupé à nettoyer des casiers. Il lève les yeux vers elle et lance sans même la saluer : -Il n'y a pas de poisson pour aujourd'hui. -Je viens pour vous payer. Il abandonne son casier et s'approche du comptoir. -Vous voulez me payer sans avoir rien acheté ? -Si. Je veux dire que c'est ma mère qui a pris des crevettes chez vous hier. Vous n'aviez pas de monnaie. -Votre mère ? Il l'avait interrompue et elle s'était tue. -Vous voulez dire que vous êtes la fille à khalti Rosa ? -Oui, cela vous surprend ? -Un peu, oui. Je ne vous connais pas. (À SUIVRE) Y. H.